India: Does Washington’s Friendship Come with a Price?

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Inde: l’amitié avec Washington a-t-elle un prix ?

Au terme d’une visite de trois jours qui l’a conduit de Bombay à Delhi, début novembre, Barack Obama a offert à l’Inde son soutien pour un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Un cadeau-surprise qui implique de nouvelles responsabilités pour Delhi… et pourrait s’avérer encombrant.

L’annonce faite à la onzième heure deviendra à coup sûr le « label Obama » dans un pays où il était attendu avec beaucoup de scepticisme. « Je peux dire aujourd’hui : dans les années qui viennent,

je me réjouis d’un Conseil de sécurité de l’ONU réformé qui inclut l’Inde comme membre permanent », a déclaré le président devant le Parlement. Les députés ont aussitôt applaudi à tout rompre.

Les analystes indiens les plus aguerris n’avaient pas osé rêver d’une telle promesse ; la classe politique non plus. « Si Obama pense que les relations avec l’Inde sont indispensables dans le monde du XXIe siècle, alors il faut ouvrir les portes à l’Inde » dans les grandes instances

internationales, nous avait confié l’ancien Secrétaire aux Affaires étrangères Kanwal Sibal avant l’arrivée du président américain. Sans trop y croire. Nirupama Rao, qui occupe actuellement le poste,

s’était montrée prudente elle aussi, relevant combien l’affaire était « complexe ».

La refonte du Conseil de sécurité de l’ONU prendra des années et le « cadeau » d’Obama relève certes davantage du symbole. Il n’empêche, c’est un « signal fort » des Etats-Unis. « Jamais Washington

n’avait été aussi loin sur ce dossier », souligne une source officielle.

Reste que pour l’Inde, il pourrait s’agir d’une victoire à la Pyrrhus. Quel sera le prix à payer pour l’accession à ce siège tant convoité par Delhi ?

Les Américains attendent sans aucun doute des Indiens qu’ils « votent bien », à savoir comme l’entend Washington. Or, cela pourrait aller à l’encontre des intérêts nationaux de l’Inde. L’Iran en est le meilleur exemple. « Ne serait-ce que dans le domaine énergétique, l’Iran est le deuxième partenaire de l’Inde, et il faut bien trouver un terrain d’entente avec ce pays. Il ne faut pas que les sanctions américaines deviennent la base de la politique indienne envers l’Iran, même si nous sommes bien

conscients que le sujet est très sensible, nous disait encore Kanwal Sibal. Si l’on se coupe de l’Iran, ce sera très difficile de renouer les contacts avec Téhéran ».

Barack Obama ne s’est pas gêné pour le dire aux Indiens : il attend d’eux une condamnation du régime des généraux en Birmanie et, pour l’Iran, qu’ils choisissent clairement leur camp. « La guerre froide est terminée, nous ne sommes pas obligés de prendre parti pour un pays ou un autre,

se défend la source officielle. Nous avons toujours dit que l’Iran était un pays important pour l’Inde, ce sont des relations que l’on ne peut pas abandonner du jour au lendemain. Quant à la Birmanie, c’est notre voisin immédiat. Si nous voulons être respectés sur la scène internationale, nous devons pouvoir dire ce que nous pensons et faire valoir nos intérêts nationaux ».

Le soutien d’Obama à Delhi est aussi une pierre dans le jardin de la Chine. De facto, Pékin s’y est toujours opposé. Or, la visite d’Obama en Inde est vue comme la volonté de Washington de contrebalancer l’influence de la Chine dans la région. « Le président Obama n’est pas venu en Inde pour perfectionner son yoga », ironise l’analyste américain Thomas Friedman. Pour lui, l’attitude belliqueuse de la Chine jette l’Amérique et l’Inde dans les bras l’une de l’autre.

Ce n’est pas un hasard si le président américain a exhorté l’Inde à s’engager encore davantage dans sa « Look East Policy ». En clair de renforcer sa présence dans les pays de l’Asean (Association des nations

de l’Asie du Sud-Est), voire de consolider ses liens avec le Japon. C’est exactement ce à quoi travaille Delhi depuis plusieurs mois. Pour tous ces pays la Chine est une menace potentielle.

En portant aux nues les valeurs démocratiques indiennes, en soulignant combien elles étaient proches de celles des Etats-Unis, Obama a, en creux, stigmatisé le régime de Pékin. « Le progrès ne doit pas

obligatoirement se faire au détriment de la liberté », a-t-il notamment glissé dans son discours. Ajoutant : « L’Inde a réussi, non pas en dépit de la démocratie mais grâce à la démocratie ». Notant enfin : « Nos deux Constitutions commencent par les mêmes mots : We the people… »

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