The Beginning of the End for “Government Motors”

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Le début de la fin de “Government Motors” ?

Par Pierre-Yves Dugua le 16 novembre 2010 18h47 | Lien permanent | Commentaires (9)

Cette semaine le Trésor américain va vendre à des investisseurs privés une partie du capital de General Motors (GM). Le constructeur s’était retrouvé dans les mains de l’oncle Sam à 61% depuis juin 2009, lorsqu’il avait été contraint de se placer sous la protection du régime des faillites.

La demande forte de la part d’institionnels doit permettre de faire retomber la part du Trésor dans le capital de GM autour de 41%. L’État fédéral canadien, la province de l’Ontario et le syndicat unique des ouvriers automobile (UAW), également actionnaires de GM, vont en profiter alléger aussi leur participation et récupérer des liquidités.

Naturellement le retour en bourse de GM est une bonne nouvelle. Il doit marquer le début de la fin d’une expérience dramatique de sauvetage par les pouvoirs publics d’une entreprise industrielle géante. Mais la première phase de la privatisation ne veut pas dire pour autant que l’expérience ait réussi.

1) GM n’a pas encore prouvé qu’il était un groupe compétitif

GM ne pourra prouver qu’il est compétitif que s’il regagne des parts de marché en Amérique du nord et produit des véhicules innovants, de qualité, qui plaisent. Il est encore trop tôt pour juger GM sur ce point crucial.

Il sera difficile de juger GM sur sa pure profitabilité car le constructeur va pouvoir limiter ses paiements d’impôts à venir en jouant sur ses pertes collossales passées. Ford, son rival qui n’a pas été sauvé de la faillite par 50 milliards de dollars d’argent public, a de quoi l’avoir mauvaise…

2) L’Oncle Sam reste puissant au sein de l’entreprise

Le Trésor restera encore le principal actionnaire de GM. Ses hommes domineront encore le conseil d’administration et l’équipe dirigeante.

3) Le syndicat veut des augmentations

Ayant accepté de casser l’échelle des salaires des ouvriers pour sauver GM, le syndicat (UAW) demande maintenant une récompense puisque les profits sont revenus. Il est malsain

que les anciens des chaînes de production gagnent deux fois plus que les nouveaux. Cette anomalie ne va pas pouvoir durer éternellement. La structure de coûts de main d’oeuvre de GM va donc évoluer et probablement dans le mauvais sens.

4) GM perd toujours de l’argent en Europe

Ford aussi d’ailleurs. Le succès de GM en Chine ne doit pas faire oublier que sur le vieux continent les choses restent très délicates pour le géant de Détroit avec ses marques Opel et Vauxhall

5) La première phase de la privatisation fait perdre de l’argent au Trésor

Même à 33 dollars l’action, ce qui semble être le prix le plus élevé atteint par les titres placées auprès d’institutionnels, le Trésor est perdant d’un point de vue purement financier. Il faudrait que le cours de l’action grimpe durablement autour de 50 dollars pour permettre au Trésor de continuer de vendre ses titres et de recouvrer tout juste sa mise. C’est possible, mais ce n’est pas acquis.

6) D’un point de vue industriel et social le pari est gagné à court terme

GM a rétréci mais GM existe encore. La filière automobile nord américaine a survécu. Sa disparition aurait couté beaucoup plus cher que les 50 milliards de dollars versés à GM. Même en ajoutant ce qui a été donné aux autres comme GMAC (filiale de crédit) et Chrysler, la reprise de la croissance aidant, l’opération a été réussie pour l’instant.

7) D’un point de vue électoral, le pari a été perdant

Non seulement Barack Obama et les démocrates ont été pénalisés pour leur nationalisation, mais les républicains ont même reconquis le poste de gouverneur du Michigan ! Comme quoi les américains sont bien différents des français et n’aiment pas que l’État se mèle de la vie des entreprises. Commericalement l’image de GM a également souffert: à qualité égale, beaucoup d’américains ont préféré les Ford aux GM, puisque Ford n’était pas nationalisé.

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