Sarah Palin: The Overdose

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Alors que la question de la ratification du traité SALT sur la réduction des armes nucléaires avec la Russie devrait être en tête de tous les journaux, c’est Sarah Palin qui occupe le devant de la scène. Son émission sur l’Alaska (d’où elle pouvait voir la Russie, ce qui expliquait ses compétences en matière de politique étrangère…) sur la chaîne câblée TLC a attiré 5 millions de téléspectateurs, deux fois mieux que l’autre star de la chaîne, Mad Men. Sa fille Bristol, qui participe à l’émission Dancing with the stars, l’a propulsée en tête des audiences avec 21 millions de téléspectateurs. Et voici que s’annonce dans quelques jours le nouvel ouvrage de Palin, “America by Heart: Reflections on Family, Faith and Flag”. Avant même sa publication, le livre devrait apparaître en tête des meilleures ventes, devant George W. Bush et Keith Richards. Il faudrait lancer une chaîne qui ne diffuserait que des informations sur Palin. Ca libérerait de la place pour des informations plus intéressantes et plus essentielles. Surtout, cela permettrait à ceux qui ne placent pas la bêtise sur un autel, d’échapper au bombardement incessant.

Le Wall Street Journal, longtemps le bastion de l’élitisme intellectuel conservateur (une autre époque, celle où Rupert Murdoch n’avait pas encore mis la main sur le Journal), s’y est mis. Sans rire, le WSJ a loué Palin “qui démontre un talent pour mettre un sujet technique dans un langage que l’Américain moyen peut comprendre,” s’agissant de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine et sa politique de “quantitative easing”. Surtout que le livre n’a pas été écrit par l’ex-gouverneur de l’Alaska. Cela ne l’empêche pas d’avoir une très haute opinion d’elle-même. Interviewée par Barbara Walters sur ABC News, la semaine dernière, Palin a confié qu’elle pensait pouvoir battre Obama en 2012.

Tout ce qui, chez quelqu’un d’autre, aurait provoqué sa chute, ne fait que la renforcer: son mercantilisme effréné, ses histoires familiales sordides, son ignorance crasse de sujets importants lorsque l’on aspire à gouverner, ses mensonges effrontés: tout ceci joue en sa faveur auprès de son électorat qui se retrouve en elle.

Frank Rich, le columnist du New York Times, ne fait pas partie de ceux qui se sont tapés sur les cuisses de rire en écoutant Palin chez Barbara Walters. Il fait partie de ceux qui pensent que la co-listière de John McCain pourrait tout à fait battre 44th, pour peu que Michael Bloomberg, le maire de New York, se lance, lui aussi, dans la course à la Maison Blanche, divisant ainsi l’électorat naturel de Barack Obama.

Pour le moment, pourtant, les sondages ne sont pas favorables à Sarah Palin. Juste après les élections de mi-mandat, 52% des Américains avaient une image négative d’elle, selon le sondage Gallup, son record d’impopularité. Il n’y a qu’au sein du GOP qu’elle est populaire, avec un score de 80% d’avis favorables.

Mais l’establishment du parti Républicain, les Karl Rove & Co., fait tout ce qu’il peut en sous-main pour couler d’avance toute candidature de Palin. Sa crainte: qu’elle remporte les primaires Républicaines pour 2012 et qu’elle soit ensuite écrasée par Obama lors de l’élection présidentielle, une expérience que les Démocrates ont connu avec George McGovern, en 1972. Le candidat des Démocrates n’avait remporté qu’un seul Etat sur 50, le Massachusetts de la famille Kennedy.

Pourtant, l’histoire récente devrait encourager les supporters de Palin. George W. Bush, lui aussi décrié pour sa paresse intellectuelle, son CV plus que maigre, son manque de curiosité, son inexpérience en matière de politique étrangère, avait cependant remporté la présidentielle. Une leçon à méditer. Et qui fait peur.

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