Obama Has Saved His Presidency, but at What Price?

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Barack Obama a sauvé sa présidence, mais à quel prix?

Beat Kappeler s’alarme du fait que les compromis passés par le président américain – prolonger les réductions d’impôts et les indemnités de chômage – coûteront un prix élevé. Il devient risqué de financer la dette américaine et la facture finale pèsera sur les épaules des prochaines générations

Barack Obama a sauvé sa présidence, peut-être sa réélection, comme Bill Clinton l’avait fait après avoir perdu les élections intermédiaires du Congrès. C’est l’avis de beaucoup d’observateurs. Les moyens? Obama prolonge les grandes réductions d’impôts de son prédécesseur Bush de deux ans, en faveur des classes moyennes et supérieures, il satisfait ses propres partisans en prolongeant les allocations de chômage de millions de chômeurs, et il réduit les prélèvements sur les salaires de deux points de pour-cent.

L’astuce politique est patente. Mais comme toutes ces astuces, elle est trop belle. Le compromis entre républicains, partisans des réductions d’impôts, et l’intérêt des chômeurs et des salariés se fait au détriment de tiers. Car la facture totale de ces coûts sera de mille milliards de dollars. Comme les Etats-Unis font déjà un déficit de 1300 milliards, on a simplement rehaussé le trou immense d’un cran notable. Les générations futures payeront.

Cette semaine encore, la commission pour la réduction de ce déficit n’a pas trouvé la majorité requise pour imposer un calendrier au Congrès. Les Etats-Unis seront le seul pays occidental à ne pas commencer son assainissement financier en 2011. Pire, les réductions d’impôts arriveront de nouveau à leur terme au moment de la campagne présidentielle de 2012. Un prolongement est pratiquement assuré, le déficit aussi.

Les réactions dans le pays réel ne se feront pas attendre. Les courtiers à Wall Street jubilent. Mais perspicaces comme ils sont, ils entrevoient des déficits tels que les taux d’intérêt monteront, et beaucoup. Cette semaine déjà, les acheteurs de titres de dette américaine ne se pressaient plus au portillon. Les taux pour les dettes sur dix ans montaient de 2,6% à 3,3%. Si l’on veut enrayer la tendance, la banque centrale, la Fed, devra redoubler ses rachats de titres d’Etat pour soutenir leur cours et abaisser la charge d’intérêt. Bientôt elle ne pourra plus faire autrement, car à rebours, en augmentant les taux, la valeur des obligations déjà achetées dans sa cave baisserait tellement que ses réserves seraient en difficulté. Les premiers experts osent maintenant ce pronostic d’une course devenue déjà irrémédiable.

L’autre élément du compromis, la réduction des contributions sociales des salariés, augmentera leur pouvoir d’achat en un tour de main de 2% – aux frais des futurs contribuables. Le soutien aux chômeurs pourrait lui aussi faire fausse route: au moment où l’économie semble procéder aux premières embauches, l’urgence de les accepter est réduite pour les chômeurs. Les chiffres du chômage risquent de rester élevés.

Le compromis d’Obama avec les républicains est du classique. La théorie de la politique américaine tire des conclusions pessimistes de la combinaison entre démocratie parlementaire et gestion économique, sociale d’un pays. Car des groupes chaque fois minoritaires, comme maintenant les démocrates et les républicains, s’unissent pour se distribuer des avantages mutuels, mais en les additionnant sur les épaules de tiers, de l’Etat, des contribuables futurs. Ceux-ci ne ressentent encore rien, au contraire, tout le monde est content en tant que bénéficiaire. Mais il y a une instance qui veille et qui observe, sournoisement: les «bond vigilantes». Les investisseurs en obligations du monde entier ont compris. Il sera hautement risqué de financer l’Etat américain dorénavant. Je pense que la limite a été franchie cette semaine. Les Chinois sont inquiets, les fonds d’investissement se retiennent, et je ne voudrais en aucun cas que ma caisse de pension achète des titres américains. Ou seulement quand les taux d’intérêt auront monté vers 12 ou 14%. C’était déjà le cas en 1981 quand le chef de la Fed, Paul Volcker, devait assainir la chienlit des présidences Ford et Carter.

Le mécanisme des marchés obligataires est simple et brutal à la fois – une montée des taux vers 12% réduirait la valeur des obligations émises de 1000 à moins de 400 dollars. Alors on n’achète pas aux taux actuels, on attend.

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