Barack Obama, or, the Virtues of Centrism

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Compromis ou trahison ? Entre la pureté des idéaux et des programmes, d’un côté, et, de l’autre, les laborieuses synthèses qu’impose la politique au jour le jour, que choisir ?

Barack Obama a tranché : l’intérêt général, celui d’une majorité d’Américains, supposait qu’il cède du terrain aux républicains, même sur un sujet qui relève de la TNT politique – les impôts des riches. Il l’a fait. La gauche démocrate est furieuse, mais le président a raison.

En dépit d’une bronca d’une partie des élus démocrates, le Sénat a voté, lundi soir 13 décembre, le compromis budgétaire conclu entre la Maison Blanche et les républicains. Il faut encore l’approbation de la Chambre des représentants.

Première leçon politique de l’épisode : les républicains, sortis renforcés du scrutin législatif de novembre, font sentir leur poids, avant même la réunion du nouveau Congrès, en janvier. Deuxième leçon : M. Obama fait la preuve de son aptitude à gouverner avec un corps législatif dominé par ses opposants républicains.

La bataille a porté sur la reconduction pour deux ans des réductions d’impôts consenties par George W. Bush en 2003, et qui viennent à échéance le 1er janvier 2011. M. Obama avait juré de ne pas les prolonger pour les “riches”, c’est-à-dire les foyers disposant d’un revenu annuel supérieur à 250 000 dollars.

Sous la pression républicaine, M. Obama a renié sa promesse. Les réductions d’impôts seront prorogées pour deux ans pour tout le monde – y compris, donc, pour les “riches”. Pire : le président démocrate a accepté une révision du taux d’impôt sur les successions, qui profitera aux plus fortunés de ses concitoyens – quelque 6 400 familles à très haut revenu.

La question est de savoir ce que M. Obama a obtenu en contrepartie des concessions faites aux républicains. Beaucoup, nous semble-t-il.

D’abord, une prolongation de treize mois des indemnités des chômeurs en fin de droits ; ensuite, une série d’aménagements fiscaux pour les petites entreprises ; des aides aux étudiants les moins fortunés ; le maintien de nombre de dispositifs antipauvreté ; enfin, l’engagement de revoir ce “paquet fiscal” dans deux ans.

Pour la plupart des commentateurs, cet ensemble est favorable à une classe moyenne qui a largement boudé le camp démocrate lors des élections de mi-mandat.

Il représente aussi une sorte de mini-plan de relance au moment où les Etats-Unis peinent à stimuler l’activité. Si, d’ici à 2012, cet ensemble – qui plombe un peu plus le déficit budgétaire – aide à ramener le taux de chômage de 9 % aujourd’hui à 7,5 %, c’est de bon augure pour la réélection de M. Obama.

La gauche démocrate est furieuse. Elle menace de présenter un candidat contre M. Obama en 2012. Elle parle de “trahison”. A sa façon, très professorale, le président l’a éconduite, dénonçant purisme et angélisme, puis énonçant cette vérité historique : “Ce pays a été fondé sur le compromis.” Puisse cette leçon trouver quelque écho à Paris aussi…

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