En représentant Barack Obama à l’inauguration de Dilma Rousseff, Hillary Clinton, le brushing flappi, s’est montrée sans panache. Tout sourire pour le cliché avec Dilma, mais arrivée après les autres et repartie avant, avec son propre dispositif de sécurité et de communication elle n’a pas joué le jeu et manifesté maladroitement le caractère “impérialiste” de sa présence. Et pourtant, à 63 ans comme Dilma, elle pouvait montrer une solidarité de femme et quelque chose qui dépasse le dépit. Mais avant tout américaine, elle n’a pas su dire au Brésil l’admiration que celui-ci mérite. Erreur de jugement ou fin de carrière lasse ?
Pas sûr que la photo de Dilma et Hillary soit aujourd’hui sur l’ego wall d’Hillary à Washington fixant cette journée inoubliable pour la première femme présidente du Brésil. Pas besoin d’aller jusqu’au mur d’Hillary. Les media américains ont été avares d’images et de place pour cet évènement dans un pays du monde où les femmes sont plutôt célèbres pour leurs performances physiques et l’attrait qu’elles suscitent que pour leur accès à de hautes fonctions politiques du pays.
Pourtant l’inauguration de la première femme présidente du Brésil, venue du parti des travailleurs et portée par Lula, méritait de la part des US un geste de panache qui aurait consacré l’élan formidable de ce pays depuis l’accession du syndicaliste à la première charge du pays. Et qui ne les forçait pas à devenir des gauchistes pour autant.
Et puis Hillary et Dilma sont nées la même année 1947. Ce sont des baby boomeuses et des militantes. Dilma a résisté à la dictature et connu la prison de 1970 à 1973. Rien à voir mais Hillary s’est battue pour les femmes et a aussi défendu dans l’animosité générale une réforme de la santé pour tous qui a capoté en 1993 mais pour laquelle elle s’est défoncée. Toutes deux sont des intellectuelles : Dilma est une économiste chevronnée et Hillary un pur produit de l’université américaine Yale.
Mais Hillary a dû voir dans le sacre de Dilma la réussite de ce qu’elle a raté : la transformation d’une carrière politique brillante en élection à la présidence du pays. Et la prestation de serment est revenue comme le mauvais film de son fiasco personnel. Dur, dur.
L’attitude de la secrétaire d’État a confirmé l’étroitesse de vue du Nord sur L’Amérique du Sud :
1- ll y a une semaine Lula déclarait “qu’il avait le regret de constater que les États-Unis continuent à porter sur l’Amérique latine un regard qui n’a pas changé”. C’est à dire des sous dev’ machos, dirigés par des caudillos voulant émigrer aux US : une “arrière cour”. C’est une ignorance de la réalité. Pire encore, les US ne voient pas de différence entre le Brésil et les autres États d’Amérique du Sud.
2- Définitivement le Brésil n’est pas une subculture américaine. Aucune fascination pour l’Amérique du Nord : Le Brésil se suffit à lui-même, possède une identité, une capacité d’autonomie, joue au football, danse la samba, fête le carnaval et surtout pas Halloween. Le 11 septembre, le Brésil a parlé des twin towers une journée et puis est passé à autre chose. Non mais…
3- Il n’y a pas de diaspora brésilenne aux US à la différence des autres pays sud américains. Du moins elle ne constitue pas un problème d’immigration.
4- Et comme un pied de nez à l’Amérique, le Brésil est multiracial. C’est donc un autre modèle et un “autre destin” manifeste. Le regard américain reste arrimé au Brésil d’avant Lula sous développé et inégalitaire. À cette époque le métissage n’était pas la success story enviable du B de BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
5- Le Brésil est riche. Il est un concurrent de l’Amérique et comme l’a dit Lula la veille de son départ “l’objectif est de devenir la cinquième économie du monde avant 2016”.
C’est à l’Amérique de revoir sa doc’ sur le Brésil et sur la distribution du pouvoir dans le monde. Avant de venir aux J.O que Chicago a perdus pour 2016.
As the world turns , it evolves .
And so be it .
Viva Brazil !
Viva Dilma !
Hillary has no choice , she just has to brush up on her portugese .