La banlieue est le cœur de l’Amérique, mais son sens est l’exact opposé de ce que nous appelons banlieue. En Amérique, le mouvement se fait du cœur des villes à la banlieue au fur et à mesure de la progression sociale des Américains. Chacun rêve de sa maison en banlieue. Dans la série Friends, Monica et Chandler ne finissent-ils pas par quitter New York?
Dans sa série House, présentée chez Daniel Templon, le photographe américain James Casebere s’intéresse à ce fantasme de ses compatriotes. Il invente une banlieue qui pourrait être sortie d’un film de Sam Mendes.
Dans ce travail sur un sujet qui a été au coeur de la crise économique de ces trois dernières années, James Casebere recréé une banlieue idéale dans Dutchess County, un district au nord de New York, le long de l’Hudson. Il créé des maquettes de maisons et les photographie comme s’il en était le démiurge, à toutes les heures de la journée. Les humains sont absents de ses images. Il ne reste que leur rêve de maisons colorées, posées sur leur tapis de gazon bien entretenu. Gare à celui qui laisserait l’herbe pousser. Il serait poursuivi pour oser menacer la valeur de l’immobilier de tout le quartier.
Ce travail est est très cinématographique. Il s’inscrit dans la famille de Jeff Wall et de Gregory Crewdson. Mais on pourrait tout aussi bien l’associer à Cindy Sherman ou Richard Prince. James Casebere, qui a commencé par étudier la sculpture, réalise des maquettes depuis 30 ans, avec des moyens les plus modestes possibles. L’architecture est un de ses thèmes favoris. Il a ainsi recréé le bunker sous le Reichstag ou bien une usine où travaillaient des esclaves noirs, travail à la fois très poétique et dérangeant. Comme ses maisons paisibles de Dutchess County, où la vie semble s’être arrêtée.
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