Republicans: The Red Scare Is Back

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Les Etats-Unis et l’URSS se sont affrontés pendant 45 ans, mais les deux super puissances avaient cependant beaucoup de points communs. Aujourd’hui, l’URSSn’est plus et on assiste soudain à un phénomène étrange: le rêve des conservateurs américains est de créer un système d’oligarchie semblable à celui qui règne en Russie: le pouvoir à quelques-uns, le démantèlement de la réglementation, la privatisation de tout ce que l’on peut vendre. C’est l’idéal du GOP et de ses alliés duTea Party. L’histoire du Wisconsin, interprétée comme le refus d’un gouverneur courageux d’accepter les avantages honteux des syndicats au moment où tout le pays doit se serrer la ceinture, est une vaste farce et une contre-vérité. Explications.

Depuis plus d’une semaine, les fonctionnaires du Wisconsin, dont les professeurs, sont en grève. Le gouverneur de l’Etat, Scott Walker, veut augmenter le pourcentage du salaire des fonctionnaires qui est versé pour leur retraite et augmenter leur participation à l’assurance santé, deux propositions qui n’enchantent pas les syndicats, mais qui ont été acceptées. Mais le gouverneur proche du Tea Party souhaite limiter le pouvoir de négociation des syndicats et les obliger à accepter un système dans lequel les salariés voteraient chaque année pour dire s’ils continuent à adhérer aux syndicats.

En réalité, ce qui se passe dans le Wisconsin n’a rien à voir avec les raisons officielles invoquées par le gouverneur et ses supporters. Comme le souligne le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, Scott Walker “essaie de faire que la démocratie fonctionne moins bien aux Etats-Unis et ressemble plus à une oligarchie d’un pays du Tiers Monde”. L’hypocrisie est flagrante: alors que le gouverneur affirme qu’il faut réduire le déficit, il essaie de faire passer des réductions d’impôts pour une partie de la population (toujours la même), ce qui ne ferait qu’aggraver ce déficit.

Le gouverneur, élu depuis six semaines grâce à l’aide financière des frères Koch, milliardaires hyper conservateurs, financiers du Tea Party dans l’espoir que ce mouvement abolira la réglementation en matière de pollution, veut simplement supprimer les syndicats et surtout leur pouvoir de parler au nom des salariés d’un secteur. Surtout les syndicats qui ne pensent pas comme lui, parce qu’il n’est pas aussi sanguin lorsqu’il s’agit de syndicats plus proche des Républicains.

Le système politique que souhaite Scott Walker et ses alliés n’est pas la démocratie à l’Américaine, dans laquelle la règle est une personne-un vote. Le système politique admiré par la nouvelle star du GOP est celui dans lequel quelques puissants ont tous les droits. L’ironie est que ceux qui, comme le Tea Party, prétendent parler au nom du peuple bafoué, souhaitent supprimer le pouvoir qui, justement, parle au nom des plus modestes et de la middle class: les syndicats — que l’on soit d’accord ou non avec eux est une autre affaire.

Autre ironie, encore plus cruelle cette fois, relevée par Paul Krugman: C’est précisément cette oligarchie qui, en poussant pour de plus en plus de dérégulation, a provoqué la crise financière à laquelle est confrontée l’Amérique aujourd’hui, et non les syndicats. Et maintenant, l’oligarchie est entrain d’utiliser le prétexte de la crise pour éliminer les modestes contre-pouvoirs qui s’opposent encore à elle. Machiaveln’y avait sans doute pas pensé.

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