When the United States Defends Al-Jazeera

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Drôle de monde que celui qui nous entoure. Les Etats-Unis qui étaient les ennemis d’hier sont devenus, par la grâce de la crise en Libye, les amis et les protecteurs d’aujourd’hui d’Al Jazeera. La télévision qui a pourtant effacé de la carte audiovisuelle mondiale la chaîne américaine CNN. Les USA ont dénoncé et critiqué le gouvernement libyen pour avoir brouillé la retransmission des programmes des chaînes d’information étrangères, soulignant que cette initiative démentait les propos du colonel El Gueddafi selon lesquels tout est calme dans le pays.

Les USA accusent aussi la Libye de brouiller la couverture des chaînes d’information, dont Al-Hurra, la télévision américaine au Moyen-Orient. C’est même le porte-parole du département d’Etat, Philipe Crowley, qui l’écrit sur son compte Twitter, en déclarant que «les choses ne sont manifestement pas aussi calmes que le proclament les El Gueddafi».

Dans un communiqué adressé aux médias étrangers et diffusé dimanche par la télévision serbe Pink TV, le colonel El Gueddafi a assuré que la situation en Libye était «complètement calme» et a fustigé les sanctions adoptées à l’ONU contre son régime. La chaîne américaine en langue arabe Al-Hurra, a indiqué que sa «diffusion sur les événements historiques en Libye par le système satellitaire Nilesat était brouillée» depuis le 23 février.

Sur le satellite Nilesat, l’un des systèmes par satellites les plus populaires dans la région, qui sert aussi à la retransmission d’Al Jazeera et Al-Arabiya, a été également brouillé. Mais, ce que le département d’Etat américain n’a pas dit, c’est que ce sont ces mêmes Américains qui ont fourni cette technologie de brouillage de diffusion satellitaire. C’est la même technologie qui a été offerte aux Égyptiens, aux Jordaniens et bien sûr aux Israéliens. Et aujourd’hui, on s’élève au nom de la liberté d’expression et de l’idéologie d’Abraham Lincoln, pour dénoncer ce brouillage.

Al Jazeera a toujours été considérée par les Américains comme un média important, voire dangereux, mais n’a épargné aucun effort pour moduler l’audience de cette chaîne au détriment parfois d’Al Hurra, qui est pourtant une télévision américaine. Pour l’anecdote, le bureau d’Al Jazeera à Washington reçoit un grand nombre d’invités, d’experts et d’intervenants après le studio général de Doha, suivi par celui de Londres, puis de Paris.

Al Jazeera est d’ailleurs, devenue moins présente dans les pays arabes et malgré sa géopolitique, le Caire reste la capitale arabe qui exporte le plus d’intervenants pour Al Jazeera au même titre que Ghaza et Tel-Aviv. Contrairement aux apparences, Al Jazeera est la télévision la mieux protégée sur la planète, car elle a réussi à réunir et fusionner l’information venant de l’Ouest vers l’Est. Il n’est pas étonnant, aujourd’hui, de voir des diplomates américains, défendre les intérêts de la chaîne qatarie.

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