Dangerous Liaisons Between Silicon Valley and Washington

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De la Maison Blanche à… Facebook : d’après les informations du New York Times, Robert Gibbs, l’ancien porte-parole de Barack Obama, est en discussion avec le réseau social Facebook, qui cherche à le recruter. Responsable des relations avec la presse lors de la campagne de 2008, M. Gibbs était tout naturellement devenu le chef du service de presse de la Maison Blanche après la victoire de Barack Obama. Un poste qu’il a quitté, il y a deux mois, pour travailler sur la campagne 2012 du président des Etats-Unis.

Mais Facebook prévoit également une année 2012 chargée : l’entreprise doit entrer en Bourse, et sa communication sera cruciale alors que le réseau social est de plus en plus la cible de critiques concernant sa politique de respect de la vie privée ou son modèle économique. Mais si les qualités professionnelles de Robert Gibbs ne sont plus à démontrer, Facebook aurait aussi tout intérêt à embaucher ce fin connaisseur des arcanes du Parti démocrate au moment où le Congrès et la Maison Blanche envisagent d’encadrer davantage le marché secondaire des actions, une mesure qui vise en premier lieu Facebook. Les sénateurs démocrates s’intéressent aussi de plus en plus aux pratiques du réseau social en matière de gestion des informations personnelles.

Toujours d’après le New York Times, M. Gibbs aurait également été approché par d’autres entreprises du secteur des nouvelles technologies. A l’inverse, le nom d’Eric Schmidt, qui doit quitter le 4 avril le poste de PDG de Google, est évoqué à Washington comme un possible candidat au poste de ministre du commerce. Jeffrey Kindler, l’ancien PDG des laboratoires Pfizer, fait également parti des prétendants au poste, tout comme le président de l’entreprise de sécurité informatique Symantec et le directeur de la Federal Communication Commission, le régulateur des télécommunications.

Le “dîner des titans” rassemblait le 17 février le président des Etats-Unis Barack Obama et les grands noms de la Silicon Valley (dont Eric Schmidt, à gauche, Steve Jobs, à la gauche de Barack Obama, et Mark Zuckerberg, à sa droite).

Le “dîner des titans” rassemblait le 17 février le président des Etats-Unis Barack Obama et les grands noms de la Silicon Valley (dont Eric Schmidt, à gauche, Steve Jobs, à la gauche de Barack Obama, et Mark Zuckerberg, à sa droite).The White House/Pete Souza

Le choix d’un ministre issu du secteur des nouvelles technologies serait le dernier d’une longue série de signaux envoyés par l’administration Obama à la Silicon Valley. En février, Barack Obama avait réuni pour un dîner un peu particulier certains des patrons les plus influents du Web : Larry Ellison (Oracle), Eric Schmidt, Steve Jobs (Apple), Mark Zuckerberg (le fondateur de Facebook), ou encore Carole Bartz (Yahoo!). Officiellement, le président avait invité ces représentants de la Silicon Valley pour évoquer ses projets en faveur des petites entreprises et de l’enseignement supérieur. Mais il a également détaillé son projet qui vise à doubler en cinq ans les exportations des Etats-Unis, un objectif clé de son programme dont la responsabilité échoira au futur ministre du commerce.

Alors que la campagne de 2012 s’approche, Barack Obama n’oublie pas non plus que la Silicon Valley est une source de financements importante. En 2008, il avait été le candidat préféré du monde des start-up. Des patrons comme Eric Schmidt ou Bill Gates (Microsoft, dont le siège est situé dans l’Etat de Washington) avaient fait des dons au candidat démocrate à titre personnel.

ENJEUX FISCAUX

Les clins d’œil appuyés de l’administration Obama au monde des nouvelles technologies ne font cependant pas que des heureux. Plusieurs Etats ont d’ores et déjà commencé à viser des entreprises modernes et en pleine croissance, mais dont la politique fiscale est discutable. Des Etats comme le Texas, pourtant peu enclins à taxer les entreprises, ont ainsi demandé à Amazon de payer d’importants arriérés de TVA. Ce que le géant de la vente en ligne a refusé de faire, préférant délocaliser ses centres d’expédition dans un chantage à l’emploi à peine masqué. A San Francisco, Twitter a finalement obtenu une exonération de charges sociales après avoir menacé de déménager son siège social dans la proche banlieue.

Surtout, les associations de consommateurs, très critiques envers la plupart des géants du secteur, brandissent la menace d’une sanction électorale mais aussi diplomatique. Consumer Watchdog, une influente association de consommateurs très critique des pratiques de Google en général et d’Eric Schmidt en particulier, a envoyé une lettre ouverte au président Obama, lui demandant de ne pas nommer M. Schmidt au ministère du commerce.

“Nommer M. Schmidt à ce poste enverrait un signal très négatif au monde entier sur notre politique commerciale. Exporter des technologies n’est pas la même chose que d’exploiter les données personnelles des consommateurs”, juge l’association, qui rappelle que c’est le ministère du commerce qui encadre les politiques de protection de la vie privée. Choisir Eric Schmidt pour ce poste “serait comme nommer Bernie Madoff à la tête de la Securities Exchange Commission [le gendarme de la Bourse]”, estime Consumer Watchdog.

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