A une heure de la limite fixée vendredi à minuit, démocrates et républicains sont parvenus hier à un accord «historique» de dernière minute sur 39 milliards de dollars de coupes budgétaires d’ici au 30 septembre.
Le «shutdown» n’aura pas lieu. A 23H00, à une heure de la date limite fixée à minuit, Barack Obama a annoncé hier, en direct, un «compromis historique» sur 39 milliards de dollars de coupes budgétaires d’ici au 30 septembre 2011, par rapport au budget initial.
Ce compromis obtenu à l’arraché va permettre d’éviter la mise au chômage technique de quelque 800.000 fonctionnaires fédéraux américains. Contrairement à ce qui s’était produit en 1995 sous Bill Clinton, Barack Obama n’aura pas eu besoin d’opposer son veto à l’adoption d’une loi de finances provisoire mal taillée en entraînant «de facto» la suspension des services administratifs.
Jusqu’à la dernière heure, le secteur public s’était préparé à cette menace dictée par l’Antideficiency Act en cas de carence législative sur la loi de finances de l’exercice fiscal en cours.
Niveau de coupes « historique »
«Nous avons préservé les investissements dont nous avons besoin pour préparer l’avenir», s’est félicité Barack Obama, visiblement soulagé, en qualifiant aussi d’«historique» le montant des coupes budgétaires. Techniquement, une résolution a été adoptée samedi soir pour adopter un collectif provisoire («stop-gap spending measure») jusqu’à jeudi dans le cadre d’un compromis global et définitif sur les coupes budgétaires.
Les républicains avaient tout à perdre en cas de mise en oeuvre d’un «shutdown». De son côté, Barack Obama risquait de voir son autorité sérieusement écornée par une crise budgétaire dans laquelle il est intervenu tardivement.
Les divergences entre républicains et démocrates sur le montant des coupes budgétaires envisagées portaient sur moins de 1% du total du budget pour l’exercice clos au 30 septembre (3.500 milliards de dollars). Mais le Président démocrate du Sénat, Harry Reid, avait clairement laissé entendre que le blocage était en grande partie lié à des «cavaliers budgétaires» introduits par les républicains en vue notamment d’empêcher le remboursement de l’avortement dans le district de Columbia
Leçon retenue
De toute évidence, le Président de la Chambre des représentants, John Boehner, a tiré les leçons du précédent «shutdown» de 1995 qui avait lourdement pénalisé les républicains aux yeux de l’opinion publique en entraînant la mise au chômage technique de 800.000 fonctionnaires fédéraux pendant 21 jours.
Malgré ce premier succès incontestable pour Barack Obama, «la bataille ne fait que commencer» selon la plupart des observateurs. Outre le débat à venir sur le budget 2012 proposé par Barack Obama et plan du républicain Paul Ryan qui prévoit 4.000 milliards de réductions de dépenses sur 10 ans, le Congrès va devoir surtout voter sur le déplafonnement de la dette fédérale.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a récemment mis en garde les élus contre le risque d’inertie en rappelant que le plafond actuel de la dette fédérale (14.300 milliards de dollars) sera atteint le 16 mai prochain. Faute de vote du Congrès, le Président de la FED, Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, ont déjà indiqué qu’un nouveau délai aurait des «conséquences catastrophiques» sur la confiance des marchés.
En se résignant à jouer lui-même le rôle de «médiateur en chef», Barack Obama retire aujourd’hui une grande partie du bénéfice politique du compromis, même si c’est au prix de larges concessions aux républicains. «Ce n’est qu’un début. Il va encore falloir faire quelque chose de substantiel sur la dette pour remettre en ordre notre maison fiscale», a prévenu hier le leader républicain du Sénat, Mitch McConnell
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