Bin Laden's Death Won't Put an End to Terrorism

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Pour Louis Michel, « il faut s’attaquer aux causes du terrorisme ». La mort de ben Laden offre des opportunités à saisir pour réconcilier monde arabe et occident, estime-t-il.

Pour Louis Michel, si la mort de ben Laden ne clôt pas le chapitre du terrorisme, elle va peut-être permettre à l’opinion américaine de se réconcilier avec le monde arabe. Et d’avancer dans le dossier israélo-palestinien.

Votre réaction après l’élimination d’Oussama ben Laden, vous qui étiez ministre des Affaires étrangères au moment des attentats du 11 septembre ?

C’est une grande victoire politique pour Barack, qui toujours bien fait la distinction entre al-Qaïda et le monde arabe, l’Islam. Avec la vague libérale qui bouleverse l’Afrique du Nord, on peut s’attendre à une reconquête de l’opinion dans le monde arabe.

L’élimination de ben Laden, c’est un bon signal envoyé à ces populations, selon vous ?

Je n’ai pas dit ça. Je dis qu’il faut maintenant que la communauté internationale s’attaque aux causes, à ce qui exacerbe les tensions entre les musulmans et ce qu’on a coutume d’appeler le « monde libre ».

N’aurait-il pas été préférable d’arrêter ben Laden et de le juger ?

L’Amérique est en guerre, et dans une guerre, on n’a pas toujours les moyens du droit.

Au risque d’en faire un martyr ?

La mort de ben Laden ne clôt pas le chapitre du terrorisme. Il faut s’attaquer à ses causes. Il est opportun maintenant que la communauté internationale et les Etats-Unis en particulier, envoient des signaux forts à des populations traumatisées depuis des années par le conflit au Proche-Orient.

Le monde est-il plus sûr aujourd’hui ou la menace n’a pas diminué ?

La menace reste présente, parce que ben Laden a une force, un pouvoir de fascination destructrice terrifiante. Pas sûr que le symbole destructeur meure avec lui. C’est pour ça que j’insiste : la communauté internationale doit envoyer des signaux clairs aux musulmans.

Comment ? En faisant quoi ?

Si Obama avait la faculté de s’impliquer dans la résolution du conflit israélo-palestinien… Je ne dis pas qu’il ne le fait pas, mais on voit ce qui se passe : Fatah et autorité palestinienne trouvent un chemin d’entente, le printemps arabe, maintenant ben Laden parti… Des choses bougent, il y a un appétit de démocratie, de laïcisation. L’opinion américaine est peut-être plus encline à de meilleurs rapports avec le monde arabe. Les Etats-Unis – et l’Europe d’ailleurs – doivent aborder la situation sans tabous, sans préalables.

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