The Ghost of Abbottabad

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Posted on May 4, 2011.

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«Le Jihad continuera même si je ne suis pas là», déclarait Oussama Ben Laden quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001. Dix ans plus tard, le terroriste qui a traumatisé une grande partie de la planète et causé la mort de milliers d’innocents a été abattu dans son refuge pakistanais d’Abbottabad. Sa disparition physique est accueillie avec soulagement – et liesse aux Etats-Unis. Mais son fantôme et le spectre des représailles n’ont pas fini de rôder. Quand bien même il était invisible et introuvable depuis dix ans, Ben Laden restait fort présent. Il incarnait une capacité de mobilisation et de nuisance qui lui survivra. Le voilà désormais «martyr subito» pour les fous d’Allah. Drapeau d’une idéologie davantage que stratège de la nébuleuse al-Qaïda, Ben Laden aura entraîné l’islam radical dans un virage considérable. Il fut l’allié anticommuniste de l’Occident dans son combat contre le coup de force de l’ex-URSS en Afghanistan; il devint le chef emblématique de la «guerre sainte» antioccidentale, le pivot de «l’Axe du Mal» cher à G. W. Bush. Fil rouge-sang de cette trajectoire elliptique: la loi religieuse, la lutte contre les impies, l’islamisme reconquérant face aux «croisés». En exhibant le trophée de ce grand criminel de l’histoire mondiale, Barack Obama réussit là où son prédécesseur va-t-en-guerre avait échoué. Aux Etats-Unis comme sur la scène internationale, ce succès du président américain tombe à pic. Mais cette victoire symbolique et éphémère ne contrebalance pas le mouvement des plaques tectoniques du monde arabe, défavorable à Washington. Après avoir perdu leur principal allié, l’Egyptien Moubarak, les Etats-Unis ont dû constater avec dépit, jeudi dernier, la réconciliation entre Palestiniens du Fatah et islamistes du Hamas. Ce Hamas qui ne reconnaît pas le droit à l’existence d’Israël et qui condamnait hier «l’assassinat» du djihadiste Ben Laden. La paix au Proche-Orient, là où Obama portait tant d’espoirs, paraît plus lointaine que jamais.

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