Cette photo des plus hauts responsables américains dans la “situation room” de la Maison Blanche a été diffusée par la plupart des médias, commentée par certains et, en conséquence, vue par des millions et des millions de personnes. Elle a été prise par le photographe de la Maison Blanche, Pete Souza, et mise à la disposition de tous sur le Web.
Dans cette histoire, un journal s’est distingué. Publié à Brooklyn, aux Etats-Unis, le Di Tzeitung est un journal destiné à la communauté juive ultra-orthodoxe. Comme l’ensemble de la presse, Di Tzeitung a traité la mort de Ben Laden et publié la fameuse photo d’Obama et de son équipe. En revanche, une retouche a fait disparaître les deux femmes du cliché original. Exit, donc, Hillary Clinton la main sur la bouche. Exit également Audrey Tomason, la chef du contre-terrorisme qui était au dernier plan de la photo. Et ce en raison de la “pudeur” imposée par les lois religieuses, telles qu’elles sont interprétées par cette communauté ultra-orthodoxe.
Cette délicate retouche n’est pas passée inaperçue. Le blog Failed Messiah – “qui couvre le judaïsme orthodoxe depuis 2004″ – , par exemple, s’en est fait l’écho, rappelant simplement qu’une telle altération était illégale. En effet, dans le texte qui accompagne la photo originale postée sur le site Flickr, il est clairement spécifié que “la photo ne doit pas être manipulée”, bien que libre de droit.
Mais n’est-ce qu’un problème de propriété intellectuelle ? Non, répond notamment une association féministe juive, la Jewish Orthodox Feminist Alliance. Une des responsables de l’association se désole de cette démarche. Interrogée par le blog consacré aux religions de CNN, elle dit “avoir l’impression que les hommes souhaitent que les femmes ne soient même pas dans la pièce”. Au propre, comme au figuré… “Cette photo va plus loin en niant l’Histoire, en occultant des femmes importantes présentes à un moment hisorique [à la Maison Blanche]”, poursuit-elle.
Le journal ultra-orthodoxe a été contraint de s’excuser… d’avoir enfreint les règles imposées par la Maison Blanche, propriétaire du cliché Dans un communiqué diffusé sur son site Internet minimaliste, Di Tzeitung explique :
“Se rendant compte de l’importance historique de cette photo, notre iconographe l’a publiée. Dans sa hâte, il n’avait pas lu les conditions d’utilisation de la photo qui interdisent tout changement. (…) Nous voulions honorer le président et nos forces armées dans ce moment historique. Nous avons donc publié la photo sans les femmes qui y figuraient, comme le veut notre politique éditoriale.”
Par contre, le journal n’en démord pas : les femmes n’ont rien à faire dans les pages de cette publication. “Le lectorat de Di Tzeitung croit que les femmes doivent être appréciées pour ce qu’elles sont et pour ce qu’elles font et non pour ce à quoi elles ressemblent”, assure le communiqué, qui rappelle que la loi juive “ne tolère aucune discrimination basée sur le genre, la race, etc.”.
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