Bioterrorism in America

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Quelques cas d’infections par le bacille du charbon en 2001 ont été observés, résultant de la contamination de poudres envoyées à des journalistes ou des hommes politiques. Cet épisode a fait l’effet d’une bombe dans tout le monde européen et américain et a déclenché l’envoi fantaisiste de centaines de poudres, dont j’ai eu l’occasion d’analyser un tiers. La plupart résultait, à l’évidence de farces, entrainant des milliers d’heures d’arrêt de travail, des condamnations excessives, et ont eu un coût étonnant pour une société au bord de la crise de nerf.

Basé sur cette affaire, aux Etats-Unis, s’est imposé un plan de recherche et de sécurité sur les agents possibles de bioterrorisme, à la fois disproportionné, hors de prix et les américains ont imposé petit à petit à tous leurs partenaires d’avoir les mêmes règles. Ceci n’a pas de sens, car les microbes, considérés comme étant des agents du bioterrorisme, n’ont aucune capacité, à créer une mortalité comparable à celle d’une simple bouteille de butagaz.

Les bactéries sur lesquelles je travaille, dont celle du typhus et de la peste, sont bien incapables de causer des dégâts significatifs. Les seuls problèmes sont les toxines (qui ne sont jamais que du poison chimique), et le risque de la variole. Ceci nous amène à regarder les choses très précisément, car en réalité, il n’y a que deux nations qui aient développé des agents de bioterrorisme, ou tenter de le faire : la Russie et les Etats-Unis qui sont aussi les deux seuls qui continuent à garder des souches de Variole, ce qui représente un grand danger pour l’humanité.

Des informations grises en 2001 ont été communiquée par la CIA dans le monde entier nous informer que Saddam Hussein possédait probablement des souches de variole, ce qui était totalement faux, et ce qui a été un des justificatifs de la guerre. Nous-mêmes, en France avons été la victime de ces fausses informations dont mon rapport sur le bioterrorisme s’est malheureusement fait le reflet.

En pratique, et ceci apparaît clair, cette semaine après un long article dans le journal Science, il n’y a eu que deux accidents de bioterrorisme microbien, depuis la seconde guerre mondiale. Le premier en Russie où, d’un laboratoire militaire, s’était échappé un nuage de bacille du charbon, qui a tué la population russe. Le deuxième est l’épisode de 2001 dont l’auteur était un employé de l’armée américaine, dont on vient de révéler qu’il avait de lourds antécédents psychiatriques et qui malgré cela, avait été autorisé à manipuler des bactéries transformées en armes, par l’armée américaine, pour les utiliser contre les ennemis. Il a emporté quelques unes de ces souches et les a utilisées avant de se suicider.

En pratique, l’histoire du bioterrorisme, est l’histoire de l’incompétence de l’armée américaine et de la démesure du gouvernement américain, dans la réponse à quelque chose, qu’il y aurait surtout à lui apprendre la modestie dans la gestion des armes.

La conséquence pour nous, est que nos conditions de travail, et leur coût pour étudier des microbes qui sont des agents de maladie (et non pas des agents de bioterrorisme) est devenu extrêmement élevé, sous la pression démesurée d’un pays qui nous a obligé à subir les conséquences de son incurie.

Didier Raoult, professeur à la faculté de médecine (Marseille)

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