Pour l’OTAN en Afghanistan, l’heure du repli
En annonçant, mercredi 22 juin, le retrait d’un tiers des troupes américaines d’Afghanistan d’ici à la fin de l’été 2012, au moment où la campagne présidentielle battra son plein aux Etats-Unis, Barack Obama répond d’abord à un impératif de politique intérieure.
Cette décision, qui effacera le surge, c’est-à-dire l’augmentation des troupes décidée par la Maison Blanche en 2009, devrait lui permettre, espère-t-il, de couper l’herbe sous le pied de ses adversaires lorsqu’il entamera le combat pour sa réélection. Cette guerre vieille de dix ans, qui a déjà coûté la vie à plus de 1 500 soldats américains et quelque 450 milliards de dollars, est de plus en plus impopulaire. C’était la guerre de George W. Bush, le surge en a fait celle de Barack Obama. Il fallait effacer cette impression dans l’électorat. L’élimination d’Oussama Ben Laden, l’ex-chef d’Al-Qaida, a permis de l’entreprendre. On peut douter que le président Obama y parvienne tout à fait, avec ce qui peut apparaître comme une demi-mesure. En treize minutes de discours, il n’a répondu à aucune des questions essentielles sur l’avenir de l’Afghanistan, la capacité des forces afghanes à assumer les tâches qui devraient leur être transférées en 2014, les modalités du dialogue avec les talibans, ou les moyens de gérer le double jeu pakistanais.
Informé préalablement du contenu du discours du chef de l’exécutif américain par un entretien téléphonique avec lui mercredi, le président Nicolas Sarkozy lui a emboîté le pas jeudi matin et a annoncé le retrait progressif et parallèle des troupes françaises en Afghanistan. Cette décision, conforme aux objectifs agréés au sommet de l’OTAN à Lisbonne, en novembre 2010, est logique. Toutes proportions gardées, puisque le contingent français ne dépasse pas 4 000 hommes, elle suit le principe du “On y va ensemble, on en part ensemble”.
M. Sarkozy n’en laissera rien paraître, mais on peut imaginer un soupçon de frustration de sa part. Aux Américains qui se plaignaient, depuis longtemps, de la faible participation des Européens à la guerre contre les talibans en Afghanistan, le président Sarkozy, une fois élu, avait répondu présent et avait accepté d’augmenter le contingent français, parallèlement au surge américain. Il doit aujourd’hui de nouveau s’aligner sur Washington, sans pour autant avoir la satisfaction de la mission accomplie.
Le président français peut se consoler en considérant qu’il évacue, lui aussi, une épineuse question de la campagne électorale de 2012. Le rythme des pertes françaises (62 morts) s’était accéléré ces derniers mois et, malgré tous les efforts officiels pour contrôler la communication sur le coût humain et financier de cette guerre, malgré l’indigence du débat au Parlement sur l’engagement français, le consensus national sur la guerre en Afghanistan n’était pas inébranlable. Mais, pour que ce retrait ne tourne pas à la défaite, l’Occident devra afficher la plus grande fermeté dans le dialogue avec les talibans, afin d’arracher un compromis politique. Avant qu’il ne soit trop tard.
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