United States: Latinos Let Go of Obama

Edited by Derek Ha

 


<--

Les Latinos lâchent Obama

Ils avaient massivement voté pour lui en 2008, mais n’en feront sans doute pas autant l’an prochain. À cause du caractère très répressif de sa politique d’immigration.

Alors qu’ils l’avaient plébiscité en 2008, les Latinos sont, pour l’instant, les grands perdants de la présidence de Barack Obama. Le candidat démocrate leur avait promis la lune : l’adoption d’une grande loi régularisant les quelque 11 millions de clandestins – hispaniques, dans leur immense majorité – présents aux États-Unis. Tout en se montrant ferme sur le contrôle des flux migratoires pour rassurer l’électorat blanc. Un équilibre impossible à tenir avec le durcissement du climat politique, symbolisé par les succès du Tea Party lors des élections de la mi-mandat, en novembre 2010. Depuis, l’Obama répressif a pris le dessus sur l’Obama réformateur. Comme lors de ce discours à El Paso, le mois dernier, dans lequel il a rappelé que la frontière avec le Mexique n’avait jamais été aussi sûre et le nombre des expulsions, aussi élevé.

Pire que Bush

De fait, son administration expulse beaucoup plus que l’administration Bush : 400 000 expulsions en 2010, et autant l’année précédente. Un record. On ne compte plus les raids de la police dans les entreprises employant des clandestins, comme celui lancé en Arizona et en Californie, au mois de mai, dans quatorze établissements d’une chaîne de restauration. Seule consolation, les clandestins ne sont plus poursuivis pénalement – à la différence de leurs employeurs –, mais simplement expulsés.

Obama a aussi reculé sur un certain nombre de mesures symboliques, comme le Dream Act, censé régulariser la situation des étudiants et des militaires arrivés illégalement aux États-Unis très jeunes. Quant à la grande réforme promise, elle devrait rester dans les cartons au moins jusqu’en 2012 en raison de l’opposition frontale du Parti républicain, qui contrôle la Chambre des représentants.

Du coup, l’exaspération monte dans la communauté latino (50 millions de personnes), dont le vote lors de la prochaine présidentielle sera crucial. Et des voix s’élèvent dans le camp démocrate pour demander des assouplissements. Comme l’arrêt des expulsions des sans-papiers ayant un enfant de nationalité américaine (ils sont 4 millions dans ce cas). Pourtant, Obama continue de temporiser et accuse les républicains d’être seuls responsables du blocage. « Je ne peux pas court-circuiter le Congrès et changer la loi », plaide-t-il. Certes, mais n’a-t-il pas eu les coudées franches pendant deux ans, en début de mandat ?

About this publication