Independence Day

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Demain, les Américains célèbrent le 235e anniversaire de la fondation des Etats-Unis d’Amérique, le 4 juillet 1776.

235 années lors desquelles ils construisirent une vision inédite, des rapports entre le citoyen et l’Etat; du pouvoir et de sa gestion; de la gouvernance et des libertés collectives et individuelles. En d’autres termes, comment vivre la démocratie. Ils n’ont pas réinventé l’Agora athénienne: ils ont fait mieux en portant l’art de gouverner aux dimensions de l’homme. Peut-on cependant parler de la démocratie américaine sans évoquer l’un de ses pères fondateurs: Thomas Jefferson? Aussi, est-il opportun de faire une relecture de Jefferson et redécouvrir les principes qui ont fondé sa pensée, sur lesquels s’est érigée la démocratie US.

Une démocratie qui, nonobstant certaines dérives de ses dirigeants, a produit néanmoins la civilisation la plus dynamique et la plus créative des temps modernes. A la base de cette démocratie, des hommes soutenus par leur volonté de créer un ordre nouveau où le citoyen américain sera la quintessence du pouvoir politique. L’un des plus prestigieux de ces pères fondateurs, était Thomas Jefferson, père de la Déclaration d’Indépendance, et théoricien des idées avant-gardistes de la jeune démocratie. Il donna une impulsion irréversible à l’idée de la liberté sous toutes ses formes. Il lutta également contre les velléités du gouvernement fédéral de monopoliser les pouvoirs. Il mit ainsi en garde contre le fait que «l’assujettissement à un gouvernement disposant de pouvoirs illimités était le plus grand des maux». Jefferson eut ainsi le souci constant de contenir le pouvoir exécutif dans les normes de la loi, mettant notamment en exergue la liberté de la presse et l’existence d’un corps législatif représentatif comme étant «les éléments essentiels d’un gouvernement libre». Il a aussi été le premier à pressentir le danger de dérive monarchique que pouvaient induire des mandats illimités.

Ainsi, fort des observations que lui inspirèrent les déviations de certains de ses compagnons, il en tira des enseignements pour formuler des recommandations pour une bonne gouvernance. Dès lors, il combattit farouchement la possibilité de mandats présidentiels perpétuels, comme pouvant, selon lui, «conduire à la monarchie». Cela, au moment où les fédéralistes avaient tendance à reconduire les tares qui amenèrent les Américains à se soulever contre l’autoritarisme britannique: les inégalités entre citoyens, l’abus de pouvoir érigé en système de répression. La démocratie, selon Thomas Jefferson, est fondée sur des principes simples qui s’articulent autour de trois pouvoirs: l’Exécutif, le Judiciaire et le Législatif.

C’est ainsi qu’il a été établi le fondement de la séparation des pouvoirs, clé de la démocratie, dont le peuple reste le premier et le dernier ordonnateur. Mais Jefferson estime également que cela serait insuffisant sans les libertés individuelles et la liberté de la presse sur lesquelles il a été sans concession. Sur la liberté de la presse il a écrit: «La liberté de la presse, – sous la seule réserve de la responsabilité pour préjudices personnels -, ce moyen redoutable de critiquer les fonctionnaires publics en les traduisant devant le tribunal de l’opinion publique, engendre paisiblement des réformes qu’il faudrait autrement espérer par la révolution. C’est aussi, le meilleur instrument pour éclairer les hommes et les améliorer en leur qualité de créatures raisonnables, morales et sociales». Méditons ces fortes paroles du théoricien qui a changé la vision que les hommes avaient du pouvoir comme leur rapport au pouvoir. On se prend à regretter, à la veille de la célébration de l’anniversaire de notre indépendance, qu’il n’y eut pas un Thomas Jefferson pour formaliser des lignes de conduite pour la jeune République, à la lumière des premières dérives, apparues au détour de la crise de l’été 1962, qui pèseront durablement sur l’avenir de l’Algérie.

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