The Casey Anthony Trial: The Case that Fascinated America

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Posted on July 10, 2011.

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“Non coupable”. Le verdict est tombé, mardi 5 juillet, à Orlando (Floride), dans l’affaire Casey Anthony. Le procès de cette jeune femme de 25 ans accusée d’avoir tué sa fille de 2 ans a passionné l’Amérique pendant un mois, rappelant l’engouement qu’avait suscité l’affaire O. J. Simpson en 1995, et dépassant de loin l’affaire DSK.

Depuis le 24 mai, chaque journée du procès Anthony était suivie par des millions de téléspectateurs et commentée sans relâche sur les réseaux sociaux. Comme l’a raconté le New York Times, le tribunal d’Orlando était même devenu un site touristique en vogue, les 60 sièges de la salle d’audience étant pris d’assaut chaque jour par des personnes ayant commencé à faire la queue dès 5 h 30 du matin.

Cette affaire avait tout d’un film hollywoodien, à commencer par un décès inexpliqué. Le squelette de Caylee Anthony a été retrouvé, en décembre 2008, dans un bois proche du domicile familial, cinq mois après que l’enfant eut été signalé disparu par sa grand-mère. Casey Anthony avait quitté le domicile de ses parents le 16 juin 2008, avec l’enfant. Puis, durant un mois, elle a empêché ses parents de voir leur petite-fille, prétextant qu’elle n’avait pas le temps de leur rendre visite ou que Caylee était chez sa nounou.

C’est finalement en allant récupérer la voiture de leur fille à la fourrière, le 15 juillet 2008, et après avoir senti comme une odeur de corps en décomposition dans le coffre, que les grands-parents ont soupçonné le pire, décidant alors de prévenir la police. Durant le procès, l’avocat de Casey Anthony a plaidé la thèse de la noyade accidentelle dans la piscine. Paniquée, la mère aurait alors, selon la défense, dissimulé le corps de la petite fille avec l’aide de son père. Des mensonges, pour l’accusation, qui a tenté de convaincre le jury que Casey Anthony avait intentionnellement tué sa fille Caylee, sans pour autant en détenir de preuve irréfutable, ni savoir précisément comment l’enfant était mort.

DES RECORDS D’AUDIENCE À LA TÉLÉVISION

Une jeune mère soupçonnée du meurtre de son bébé, des photos sexy de la prévenue faisant la fête alors que son enfant avait disparu depuis plusieurs jours, une grand-mère ayant dénoncé sa propre fille, un grand-père accusé d’abus sexuel sur Casey, tous les ingrédients étaient réunis pour tenir le public en haleine.

“C’est encore plus terrifiant qu’une banale affaire de meurtre, car il y a quelque chose de sacré que nous attribuons à la maternité, a expliqué au Los Angeles Times Stuart Fischoff, rédacteur en chef au Journal of Media Psychology, un magazine spécialisé dans l’étude de la psychologie dans les médias. L’idée qu’une mère puisse tuer son enfant met à terre cet archétype. C’est monstrueux. Et cela nous révolte, mais nous sommes en même temps fascinés. Et nous voulons une vengeance.”

“Nous sommes dans les Etats-Unis du divertissement, déplore pour sa part le chroniqueur Bernie Goldberg, sur Fox News. Voici une affaire que les Américains regardent comme une émission de télé-réalité. Ils regardent de la télé-réalité avec des vrais personnages et la possibilité qu’à la fin de l’émission la star soit condamnée à mort. Ce n’était pas, d’un point de vue journalistique, une affaire importante. Il n’était pas question de race, il n’était pas question d’affrontement entre différentes classes sociales de ce pays, il n’y avait même pas de célébrité. Et pourtant nous avons été attirés par ce procès car aux Etats-Unis nous avons un besoin maladif de divertissement.”

Les médias n’ont en effet pas traîné pour s’emparer de l’affaire. Flairant les bonnes audiences, toutes les chaînes américaines d’information en continu ont consacré de nombreuses heures de direct au procès. Parmi elles, HLN, filiale de CNN, a clairement joué la carte du sensationnalisme, avec en tête d’affiche l’ancienne procureure devenue présentatrice Nancy Grace. Cette dernière n’a pas ménagé sa peine pour convaincre les téléspectateurs de la culpabilité de celle qu’elle a surnommé “Tot Mom”, la maman du bambin. “Les mensonges de Tot Mom semblent avoir marché”, a ainsi regretté Mme Grace après l’annonce du verdict, ajoutant que “le diable est en train de danser quelque part”.

A défaut de voir Casey Anthony condamnée, la stratégie éditoriale de la chaîne câblée a payé. Mardi 5 juillet, entre 14 h 15 et 15 h 30, au moment de l’annonce du verdict, 5,2 millions de personnes regardaient HLN, soit une augmentation de 1 700 % par rapport à son audience habituelle à ce moment de la journée, selon le New York Times. Et ce n’est pas fini puisque la chaîne a déjà programmé pour le week-end prochain une émission spéciale intitulée “Justice pour Caylee”.

“LE PROCÈS DE L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX”

L’appétit du public pour l’affaire Casey Anthony s’est particulièrement manifesté sur les réseaux sociaux. L’affaire a même été surnommée par le magazine Time “le procès de l’ère des réseaux sociaux”. Et pour cause, des dizaines de milliers de personnes sont devenues “fans” des nombreuses pages consacrées à la petite Caylee sur Facebook, tandis qu’un nombre incalculable de messages ont été échangés sur Twitter, une grande majorité d’entre eux reflétant l’opinion – largement répandue aux Etats-Unis – selon laquelle la culpabilité de l’accusée ne faisait aucun doute.

Le site de microblogging a été submergé au moment de l’annonce du verdict puisque, selon CNN, neuf des dix sujets les plus actifs listés outre-Atlantique à ce moment précis renvoyaient à l’affaire, avec des hashtags comme “#notguilty” ou “#shocked”. Et cette frénésie pourrait être relancée, jeudi 7 juillet, avec la décision attendue du juge Belvin Perry de la libérer ou non.

Mme Anthony a en effet été déclarée non coupable de meurtre au premier degré, homicide aggravé et de maltraitance à l’encontre de sa fille, mais a été jugée coupable de quatre chefs d’accusation pour avoir menti à la police. Chaque chef d’accusation peut lui valoir au maximum une année de prison. Mais la jeune femme ayant déjà passé trois ans derrière les barreaux, M. Perry pourrait décider de la libérer. Si tel était le cas, plusieurs experts estiment que Casey Anthony pourrait en profiter pour faire des bénéfices avec un livre ou un film. Après tout, a commenté sur CNN l’avocat Drew Findling, “pourquoi ne pourrait-elle pas gagner de l’argent avec son histoire ? Regardez l’affaire O. J. Simpson et comment le procureur, qui avait perdu le procès, a écrit des livres et a fait des profits après coup”.

Romain Brunet, avec AP

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