Will Obama Dare to Commit to Spending Cuts?

<--

“Méfiez vous de ce que vous souhaitez, cela peut se réaliser” dit le proverbe. Le compromis proposé par hier par six sénateurs pour réduire à moyen et long terme le déficit budgétaire a changé le ton du débat. Mais il est trop tôt pour dire s’il va servir de point de départ à la solution exigée par les agences de notation pour préserver la note AAA des États-Unis.

Le compromis présente plusieurs avantages: il rallie des sénateurs des deux partis; il vise à réduire sur 10 ans de près de 4000 milliards de dollars les déficits prévisibles des États-Unis: un quart de l’économie viendrait de hausses de recettes fiscales, le reste serait le résultat de réductions de dépenses; il prévoit de nouveaux mécanismes de discipline fiscale.

Pour la première fois des démocrates accepteraient de toucher aux programmes sociaux sacro-saints de la santé et des retraites; pour la première fois, des républicains accepteraient des hausses de recettes. Ce “grand compromis” se ferait dans le cadre d’une vaste réforme fiscale simplifiant le code des impôts, éliminant les niches fiscales, réduisant les taux marginaux mais supprimant beaucoup de déductions populaires auprès des classes moyennes.

Les inconvénients ne sont pas négligeables: le premier est que le plan est trop ambitieux pour être voté avant le 2 août, date à laquelle le plafond de la dette publique doit être relevé si l’on veut éviter un défaut de paiement du Trésor. Il va falloir procéder par étapes…

L’autre problème est le manque de détails. Or le diable est dans les détails. Lorsque les démocrates vont découvrir à quel point les programmes sociaux seront frappés, ils risquent de changer de discours. Idem pour les sénateurs républicains conservateurs, opposés à des hausses d’impôts.

Mais le principal problème est ailleurs: il se situe à la Chambre des représentants. Rien ne dit que les républicains à la Chambre des représentants se rallient à ce plan. Rien ne dit non plus que les démocrates de la Chambre s’y rallient aussi. Tous ces élus doivent faire face aux électeurs en novembre 2012. Ils n’ont pas le luxe des sénateurs dont le mandat dure six ans. Seulement un tiers du Sénat est renouvellé l’an prochain…

Dernier élément important: à ce jour Barack Obama a réussi une chose extraordinaire: il n’a jamais publié le moindre document s’engageant à réduire des dépenses publiques. Il ne parle de cette possibilité qu’en termes généraux. Toute sa campagne vise à démontrer qu’il oeuvre pour sauver les programmes sociaux que les républicains voudraient saboter. Il demande des hausses d’impôts, mais jamais ne précise où il est vraiment prêt à réduire les dépenses.

Si les choses deviennent enfin sérieuses, si on commence enfin à entrer dans le vif du sujet, il va devoir concrètement s’engager sur des mesures impopulaires. En aura-t-il le courage ?

On notera en revanche que les républicains ont déjà présenté et même voté à la Chambre deux énormes plans d’économies. Ils se sont ainsi exposés à la colère des électeurs. Ils en souffrent dans les sondages, mais personne ne peut plus leur dire qu’ils ont manqué de courage de ce point de vue. En revanche c’est que sur le front des hausses d’impôts qu’ils se sont défaussé. Et maintenant, la fin de partie commence.

About this publication