The Irresponsibility of the Republicans in Washington

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A Washington, l’irresponsabilité des républicains

Editorial 26.07.11

Les Européens de la zone euro ont attendu d’être au bord du gouffre pour décider, la semaine dernière, un second plan de sauvetage de la Grèce. Comme si la perspective d’une crise grave était seule capable de les faire sortir d’un attentisme désinvolte. Mais ils ont une excuse : il leur faut décider à dix-sept – une performance !

Les Etats-Unis n’ont pas cette excuse. La dette publique du pays est du ressort du pouvoir fédéral. Même si les Pères fondateurs de la République américaine ont voulu un savant jeu d’équilibre entre le président et le Congrès, c’est bien d’eux, et d’eux seuls, que dépendent les décisions en la matière.

Ils n’en prennent pas. Ils sont paralysés. Ils attendent d’être au bord du gouffre, eux aussi. Dans moins d’une semaine, si le démocrate Barack Obama et la majorité républicaine à la Chambre des représentants ne s’entendent pas, le Trésor américain sera en situation de défaut de paiement. Ce qui, comme n’aurait pas manqué de le faire une implosion de la zone euro, provoquera une catastrophe économique et financière.

Tout se passe comme si le système de gouvernement américain ne fonctionnait plus, ou alors de plus en plus mal, notamment sur cette question centrale : comment sortir de l’endettement.

On connaît le problème. Aux Etats-Unis, il y a un plafond légal de la dette publique (l’ensemble des déficits accumulés au fil des ans) ; s’il est atteint, il faut un accord du Congrès pour le relever. Faute de quoi, les Etats Unis ne peuvent plus emprunter. Or c’est ainsi qu’ils financent plus de 40 % de leurs dépenses – en émettant des bons du Trésor.

Les républicains ont lié le relèvement de la dette à un vote préalable sur la réduction du déficit budgétaire dans les prochaines lois de finance. C’est sur ce point que le président et le Congrès se disputent depuis des semaines.

Le plafond de la dette a touché sa limite de 14 300 milliards de dollars en mai. Le département du Trésor a prévenu que le gouvernement ne pourrait plus honorer tous ses engagements à partir du 2 août. Il n’aura plus assez de ressources ; il sera techniquement en faillite.

Chaque jour qui passe, le psychodrame washingtonien rend les marchés un peu plus fébriles et pèse sur la conjoncture. Les républicains sont les responsables de cette impasse. Alors qu’ils sont le parti qui a laminé les finances publiques ces dernières années, ils ont rejeté un courageux compromis proposé par M. Obama : une réduction substantielle du déficit par des coupes dans les dépenses publiques et par une hausse des impôts des plus riches.

C’était un projet centriste. Seulement voilà, le deuxième grand parti américain est devenu une formation extrémiste. Par fanatisme idéologique, les républicains refusent la moindre hausse de la fiscalité.

Cela va condamner M. Obama à un accord a minima et temporaire sur la dette. On évitera sans doute le défaut de paiement. Mais l’irresponsabilité des républicains porte un coup à l’image de l’Amérique.

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