Thank You, Mr. President

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Merci, monsieur le president

En pleine tourmente financière, le président américain, Barack Obama, a annoncé un «plan de prévention et de dissuasion» visant à empêcher les génocides dans le monde.

C’était la semaine dernière. Vous n’en avez pas entendu parler? Normal. Cette information a été très peu relayée. Elle est passée inaperçue chez nous, en Europe et même aux États-Unis.

Si les médias s’en sont détournés, ce n’est pas seulement en raison de l’inquiétante actualité sur la dette américaine. C’est, sans doute aussi, qu’ils n’en ont pas vu la pertinence.

En cela, ils reflètent grosso modo l’opinion générale, laquelle s’interrogerait probablement sur l’efficacité réelle d’un tel plan «dans la vraie vie» si elle en avait été informée.

Dans la foulée, Obama a créé un Bureau de prévention des atrocités. Il a ordonné d’examiner les outils économiques, diplomatiques et politiques pouvant être mobilisés pour éviter des atrocités de masse.

Une initiative inutile et illusoire, diraient certainement les plus cyniques d’entre nous. Un passeport pour imposer les vues américaines, martèlerait une certaine gauche. Pourquoi Washington et pas les Nations Unies? glisseraient des observateurs attachés à l’idée de la «communauté internationale».

Répondons. D’abord, pour que ce dernier argument ait un sens, il faudrait que ladite communauté s’entende au moins sur cette question – ce que, lamentablement, elle n’est jamais parvenue à faire.

L’autre accusation possible, celle voulant que l’administration Obama caresserait des desseins hégémoniques, n’est pas sérieuse. Elle relève de l’argument-réflexe, celui servi sans discernement.

D’autant qu’il s’agit ici de trouver des moyens autres que les deux options traditionnelles : l’inaction et l’intervention militaire. Il s’agit de mettre en place une action préventive.

L’utilité réelle d’un tel plan de dissuasion des génocides peut être débattue. Mais rappelons l’histoire récente : les États-Unis et le reste du monde ont essuyé des critiques justifiées pour avoir tardé à réagir face aux événements qui ont fini par dégénérer en génocide au Rwanda en 1994.

Il existe des devoirs dans la vie. Celui de tenter d’éviter la répétition d’atrocités en est un.

On peut bien dire que le projet d’Obama ne donnera que du vent. Ce serait oublier ce qu’est la politique avec un p majuscule. Ce serait la confondre avec la politicaillerie, qui domine tout.

La politique, c’est l’art de fixer des objectifs ambitieux; c’est tenter de changer les choses – même quand on sait qu’on n’y parviendra jamais parfaitement.

Merci à ce président de tenter de redonner ses lettres de noblesse à cette politique-là.

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