Depuis 1929, lorsque Wall Street plonge, le Président des États-Unis ne peut dire qu’une seule chose: “les fondamentaux de l’économie américaine sont bons”. Cette phrase à quelques variations près, est depuis systématiquement employée par tous les dirigeants politiques ou responsables de banques centrales, lorsque les marchés dégringolent.
D’abord parceque c’est la seule chose à dire. On ne peut pas dire: la bourse se trompe. Parceque si elle continue “de se tromper”, elle finit par avoir raison de toutes façons…Un chef d’État ne peut pas nier la réalité longtemps. La réalité finit toujours par gagner.
Alors en disant “les fondamentaux ne justifient pas le comportement des marchés” on essaye de dire poliment aux marchés qu’ils exagèrent. Et parfois, c’est vrai. Les marchés se trompent même souvent. Ils se corrigent. La correction est même non pas l’exception, c’est la règle.
C’est donc ce que les européens ont dit ce week-end. L’Italie ne mériterait pas d’être traitée comme le Portugal. C’est peut-être vrai.
Le problème est que ceux qui disent cela aujourd’hui, nous disaient depuis une décennie que le Portugal méritait d’être traité comme l’Allemagne. Alors forcément, on ne les croit plus. Combien de temps la France et le Royaume-Uni mériteront d’être AAA comme l’Allemagne ?
Qui croit vraiment que les États-Unis, désormais AA+, sont un plus mauvais risque que la France ? À dette publique comparable, la France a-t-elle plus de potentiel de croissance que l’Amérique ? Son système politique est-il plus solide ? Peut-être. Mais ce n’est pas évident.
Aujourd’hui, en Europe, comme aux États-Unis, les fondamentaux ne sont pas bons. Les marchés ne se trompent pas. Ils ont raison.
Les États sont à court de munitions pour relancer la demande. Les entreprises n’ont pas besoin de crédit moins cher, elles ont besoin de clients. Les citoyens n’ont pas besoin de crédit moins cher ou d’impôts plus bas. Ils ont besoin d’emplois et de salaires plus élevés.
Les déficits budgétaires sont au plus haut tolérable par les fournisseurs de capitaux. Les banques centrales sont allées aussi loin qu’elles pouvaient sans officiellement abandonner leur dernier principe: celui de garantir que la monnaie de papier vaut quelquechose de plus que la valeur marchande du papier.
La BCE est acculée à racheter les obligations d’États trop endettés, dont la croissance recule, désormais boudés par les détenteurs de capitaux privés. La Fed de son côté a atteint la limite des rendements décroissants avec son propre assouplissement quantitatif. À moins de miser sur l’inflation, elle est à court de munitions aussi.
On ne peut plus faire semblant de croire que les fondamentaux américains et européens sont bons. Alors les investisseurs, soucieux de préserver la valeur de ce qu’ils détiennent, vendent leurs actions et achètent de l’or. Ils achètent aussi des obligations du Trésor. Mais pour combien de temps ?
L’or ne sert à rien. L’or ne produit rien. Mais le métal fin est perçu comme le meilleur moyen de stocker la valeur des actifs financiers. Et si l’inflation est la solution finale, l’or est la dernière défense.
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