Tea Time with Barack Obama

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Barack Obama à l’heure du thé

(Ottawa) Barack Obama célèbre aujourd’hui son 50e anniversaire de naissance. Lui-même admet humblement avoir quelque peu grisonné depuis son élection en novembre 2008.

Si la tendance des dernières semaines se maintient, le président américain aura toute la tête grise à la prochaine élection, dans 15 mois.

Les États-Unis ont tremblé pendant un mois à l’idée que le pays ne puisse plus payer ni ses emprunts ni ses employés, faute d’un accord sur le déplafonnement de sa dette publique.

Ce débat fort ésotérique sur un problème inventé de toutes pièces par une minorité activiste regroupée sous le chapeau du Tea Party découle d’une particularité législative votée dans le contexte de la Première Guerre mondiale et jamais annulée depuis.

Pris en otage, M. Obama a dû renier tous ses principes pour obtenir un soi-disant compromis avec une Chambre des représentants dominée par les républicains, eux-mêmes incapables de contrôler leur aile radicale.

La crise politique qui vient de se terminer dans la capitale américaine démontre le danger pour un pays de voter en faveur de n’importe qui sous n’importe quel prétexte.

Pour des motifs bassement partisans et idéologiques, le Tea Party a amené le monde au bord d’une nouvelle crise financière.

Même les Chinois ont salué la fin de l’épisode avec soulagement : la planète n’avait tout simplement pas besoin d’un tel bouleversement.

L’entente ne tient pas la route à sa face même. Les Américains ont beau manifester une allergie profonde à toute taxation, le pays se sort mal de la récession et a toujours besoin d’une intervention publique.

Près de 46 millions d’Américains reçoivent en ce moment des tickets alimentaires du gouvernement, preuve irréfutable du mauvais état de l’économie.

Or, les prochaines années verront des coupes profondes dans les politiques sociales, les systèmes d’éducation, la santé, le soutien aux personnes âgées et, ô surprise, les forces armées.

Sur ce dernier point, je le croirai quand je le verrai, car les tenants des restrictions budgétaires et les partisans d’une défense nationale digne selon eux de la seule superpuissance mondiale proviennent des mêmes milieux.

Les républicains devront alors se débrouiller avec leurs propres contradictions, mais il y a là une ligne dans le sable qu’ils n’oseront pas franchir. La sécurité nationale, aux États-Unis, a encore la priorité sur tout le reste.

L’exemple du Tea Party démontre tous les méfaits d’un vote débridé en faveur d’anarchistes incompétents soutenus par des médias tout aussi irresponsables.

Une frange importante de l’opinion américaine considère Washington comme le lieu de naissance du péché originel et de toutes ses conséquences négatives.

Les excités du Tea Party, l’aile extrémiste d’un Parti républicain déjà passablement réactionnaire par lui-même, ont réussi à imposer leurs priorités sur la place publique.

Ne rions pas, cela peut nous arriver à nous aussi, avec nos habitudes bien québécoises de choisir les élus selon l’humeur du moment.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, par exemple, veut à tout prix réduire l’action des pouvoirs publics à leur strict minimum.

Bon nombre des agités réformistes ont quitté le navire ces dernières années, mais le parti a conservé sa philosophie d’avant la fusion du Reform et de l’ancien Parti conservateur.

Si les ministres ont mis au rancart tout langage inflammatoire sur l’économie, au contraire de leur manie dans le dossier de la justice, il faut néanmoins les garder à l’oeil.

Ces gens-là, après tout, aiment bien regarder les réseaux américains ultrapartisans comme Fox News, à l’image de M. Harper lui-même, comme il l’a déjà reconnu. Cela peut leur donner des idées malsaines.

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