The American public debt crisis has been treated in France as a political deadlock, provoked by radical Republicans, that obstructs a simple, technical solution. If the deadlock is real, the solution is not simple; and this deadlock is not one that can be resolved quickly.
The situation of American public debt is much more serious than that of the big European nations: The deficit remains considerable this year, at nearly nine percent of the gross domestic product (GDP), which is almost a third of federal spending. If we add to the federal debt the debts of the states and local counties (as we have done for Europe’s debt since the Maastricht treaty), we greatly exceed 100 percent of the GDP, at a rapidly growing rate.
But it gets worse: The structure of the debt and the current level of interest rates mask costs that risk exploding. Interest rates on American public debt are the lowest ever recorded for any borrower at any moment in history: Never have short-term rates descended below one percent, which has consistently been the case now for three years, and up to periods of close to five years.
The average length of the American debt being short, about five years in theory — four, if one considers the long-term debt redeemed by the U.S. Central Bank (the Fed) in the framework of the “Quantitative Easing 2” program, or QE2 (the second financial reflation plan, of 600 billion dollars/413 billion euros) — the budget profits fully, from now on, from a debt that is almost free. The flip-side of this is that interest rates will explode, from the moment that taxes rise, which would significantly affect the budget.
The brevity of the length of the debt presents another major disadvantage: It puts the U.S. at the mercy of a crisis of confidence. In the case of a deadlock of budgetary debate or, more widely, of a domestic or international political crisis, the simple absence of renewal of Treasury bonds could lead to a treasury crisis.
This situation would most likely occur, if the Fed continued to buy back the public debt massively beyond that which the economic situation requires, and were, therefore, suspected of monetizing the debt voluntarily.
The expectations of inflation (currently minimal, as measured by the indexed obligations, valued at 2.2 percent per annum for the next 10 years) and the expectations of the depreciation of the dollar could, therefore, increase brutally, and the creditors (especially foreigners) could refuse to renew Treasury bonds, save for prohibitive taxes.
American stockholders would, therefore, undoubtedly have the choice between an inflationary tax and a rise in taxes. This situation has been seen in many severely indebted countries following the two world wars, and these experiences will show that it is difficult to stabilize an inflationary boom in situations of acute internal political conflict.
Now, the political tensions exacerbated by the tea party are likely to endure, for they have deep roots and no simple solution. According to numerous analysts, the political division of the U.S. has not been this strong since the end of the Civil War, in 1865. That war, which began just 150 years ago, set in opposition two societies that had gradually diverged. Slavery constituted, of course, the principal motive of the conflict, but it was only a catalyst.
In the North was an alliance between industrialists and individual farmers, resting on high salaries permitted by industrial investment, mass education, and the distribution of the “virgin” lands of the West to the pioneers. Industrialization depended on technical progress, natural resources, and protectionism.
In the South, a society dominated by slave-owning aristocrats refused education and the support of industrialization, to the benefit of an agriculture, the profitability of which depended on slavery and free exchange.
Today, the fronts have changed: The cultural elite of the Atlantic and Pacific coasts (as well as the Great Lakes) — globalized, innovative, and post-industrial — are opposed to the middle classes in the center and south of the country. The latter are stuck in obsolete specializations or an agriculture with an intensive model that is drying up; their cultural insularity and a wave of conservative evangelical renewal leads them to rebel against globalization and against the federal state.
This tension is deeper than that of Europe, and its effects are heightened by its strongly regional character, which could lead to real deadlocks in Congress.
These real financial difficulties, like these political tensions, undoubtedly justify the degradation of the U.S. dollar by Standard & Poor's, which one can hope leads to a jump-start. The solutions are known: restriction of exaggerated and ineffective spending for health care, as well as military programs, and increased taxation of high revenues, currently under-taxed. But the most powerful lobbies oppose this, for the moment, with success.
We hope they will understand that, before even the distribution of costs, their primary interest is the maintenance of U.S. economic and political stability.
La crise de la dette publique américaine a été traitée en France comme un blocage politique provoqué par des républicains radicaux et faisant obstacle à une solution technique simple. Si le blocage est réel, la solution n'est pas simple ; et le blocage n'est pas de ceux qui pourront se résoudre rapidement.
La situation de la dette publique américaine est beaucoup plus sérieuse que celle des grands pays européens : le déficit reste considérable cette année, à près de 9 % du produit national brut (PNB), soit près d'un tiers des dépenses fédérales. Si l'on ajoute à la dette fédérale les dettes des Etats et des collectivités locales (comme on le fait en Europe dans la dette au sens du traité de Maastricht), on dépasse désormais largement les 100 % du PNB, avec une tendance rapidement croissante.
Mais il y a plus grave : la structure de la dette et le niveau actuel des taux d'intérêt masquent des coûts qui risquent d'exploser. Les taux d'intérêt sur la dette publique américaine sont les plus bas jamais enregistrés pour aucun emprunteur à aucun moment de l'histoire : jamais les taux à court terme n'étaient descendus en dessous de 1 %, ce qui est le cas constamment depuis trois ans, et ce jusqu'à des maturités proches de cinq ans.
La maturité moyenne de la dette américaine étant courte - environ cinq ans en théorie, quatre si l'on considère la dette à long terme rachetée par la Banque centrale des Etats-Unis (Fed) dans le cadre du programme "Quantitative Easing 2" ou "QE2" (second plan monétaire de relance, de 600 milliards de dollars (413 milliards d'euros)) -, le budget profite pleinement désormais d'une dette presque gratuite. Le revers de la chose est que le service des intérêts explosera dès que les taux remonteront, ce qui affecterait significativement le budget.
La brièveté de la maturité de la dette présente un autre inconvénient majeur : il met les Etats-Unis à la merci d'une crise de confiance. En cas de blocage du débat budgétaire ou plus largement de crise politique, qu'elle soit interne ou internationale, la simple absence de renouvellement des bons du Trésor peut conduire à une crise de trésorerie.
Cette situation peut en particulier se présenter si la Fed continuait de racheter massivement de la dette publique au-delà de ce que la situation économique requiert, et donc était soupçonnée de monétiser volontairement la dette.
Les anticipations d'inflation (actuellement minimes, en tout cas telles que mesurées par les obligations indexées qui les évaluent à 2,2 % par an pour les dix prochaines années) et les anticipations de dépréciation du dollar pourraient alors augmenter brutalement, et les créanciers (spécialement étrangers) refuser de renouveler les bons du Trésor, sauf à des taux prohibitifs.
Les rentiers américains auraient alors sans doute le choix entre une taxe inflationniste et une augmentation des impôts. Cette situation a été connue dans beaucoup de pays très endettés au lendemain des deux guerres mondiales, et ces expériences montrent qu'il est difficile de stabiliser une situation d'emballement inflationniste dans des situations de conflit politique interne aigu.
Or les tensions politiques exacerbées par le Tea Party sont susceptibles de durer, car elles ont des racines profondes et pas de solution simple. Selon nombre d'analystes, la division politique des Etats-Unis n'a pas été si forte depuis la fin de la guerre de Sécession, en 1865. Celle-ci, qui commençait voici juste cent cinquante ans, opposait deux sociétés qui avaient peu à peu divergé. L'esclavage constituait évidemment le principal motif du conflit, mais il n'était qu'un révélateur.
Au Nord, une alliance entre industriels et fermiers individuels reposait sur des hauts salaires permis par l'investissement industriel, l'éducation de masse et la distribution des terres "vierges" de l'Ouest aux pionniers. L'industrialisation s'appuyait sur le progrès technique, les ressources naturelles et le protectionnisme.
Au Sud, une société dominée par des aristocrates esclavagistes refusait l'éducation et le soutien à l'industrialisation au profit d'une agriculture dont la profitabilité dépendait de l'esclavage et du libre-échange.
Aujourd'hui, les fronts ont changé : les élites culturelles des côtes Atlantique et Pacifique (ainsi que des grands lacs), mondialisées, innovantes et postindustrielles, s'opposent aux classes moyennes du centre et du sud du pays. Celles-ci sont bloquées dans des spécialisations obsolètes ou une agriculture dont le modèle intensif s'épuise ; leur insularité culturelle et une vague de renouveau évangélique conservateur les conduisent à se rebeller contre la mondialisation et contre l'Etat fédéral.
Cette tension est plus profonde qu'en Europe, et ses effets sont accrus par son caractère fortement régionalisé, qui peut conduire à de vrais blocages au Congrès.
Ces vraies difficultés financières comme ces tensions politiques justifient sans doute la dégradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor's, dont on peut espérer qu'elle conduise à un sursaut. Les solutions sont connues (restriction de dépenses de santé exagérées et inefficaces ainsi que des programmes militaires, et taxation accrue des hauts revenus actuellement sous-imposés). Mais les lobbies les plus puissants s'y opposent pour l'instant avec succès.
On espère qu'ils comprendront que, avant même la répartition des coûts, le maintien de la stabilité économique et politique des Etats-Unis est leur premier intérêt.
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