Ben n’a qu’à bien se tenir. Rick l’a mis en garde. “Si tu recommences à faire tourner la planche à billets, ne te pointe pas au Texas, ça pourrait mal tourner”…c’est en substance ce que Rick Perry, gouverneur du Texas, candidat à l’investiture républicaine pour les présidentielles, a expliqué il y a quelques jours.
Pour être précis, voici la traduction du commentaire de Rick Perry devant une audience d’électeur de l’Iowa:
“Si ce type imprime davantage de billets d’ici l’élection, je ne sais pas ce que vous autres ferraient de lui dans l’Iowa, mais nous le traiterions assez mal chez nous au Texas. Imprimer des billets pour des raisons politiques à ce moment précis de l’histoire américaine est presque de la trahison à mon avis”.
La réaction de la Maison blanche a été rapide. Le porte parole de Barack Obama a jugé qu’un candidat à la présidence devait se montrer plus responsable et ne pas s’attaquer en campagne à l’indépendance de la Fed. Même le texan Karl Rove, gourou électoral républicain, ancien éminence grise de George W. Bush, a critiqué Rick Perry ! Il est vrai que les deux texans ne sont pas meilleurs amis. Je précise au passage que Rick Perry n’est pas un clone de George W. Bush contrairement à ce que vous entendrez bientôt partout sur les ondes en France…
Loin de moi le désir de soutenir la candidature de Rick Perry, personnage sur lequel j’ai des réserves. En revanche je tiens à préciser quelques points importants qui sont tout à l’honneur du candidat.
1) Il est normal qu’un candidat à la présidence des États-Unis s’exprime sur la question fondamentale de la défense du dollar.
La politique d’assouplissement quantitatif pratiquée par la Fed a dilué la valeur du billet vert, monnaie de réserve. La seconde phase du “quantitative easing” (novembre 2010 – juin 2011) portait sur 600 milliards de dollars. Son impact sur la croissance est au mieux ambigu.
Si Rick Perry a voulu dire que la Fed ne doit pas recommencer car ce serait alimenter l’inflation et décrédibiliser le dollar, cette opinion est tout à fait respectable. Elle apporte même de la crédibilité au gouverneur texan en matière économique.
2) Si Rick Perry avait dit le contraire, il y aurait scandale.
Si un candidat à la présidence lançait un appel à la Fed pour reprendre ses rachats d’obligations à long terme du Trésor, on pourrait vraiment s’inquiéter. Rick Perry, dans un language imagé à la texane, a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Bravo.
3) La Fed récolte ce qu’elle a semé
En se lançant dans l’assouplissement quantitatif, la Fed est presque sortie de son domaine de la politique monétaire pour entrer dans la politique fiscale. Elle a justifié cette démarche en parlant du risque de déflation. Elle a voulu agir pour éviter une rechute en récession, rappellant que son double mandant l’oblige à préserver la stabilité des prix, mais aussi à promouvoir le plein emploi.
La question de l’indépendance de la Fed a été posée par bien d’autres facteurs depuis 2008. Accepter des créances du secteur non financier, en 2008-2009, relevait-il de la politique monétaire ? Oui dans la mesure où Bernanke a oeuvré pour préserver le système financier d’une implosion. Mais l’urgence et la nécessité ont fait que la Fed est allée très loin. Elle coordonne sa politique avec le Trésor. On se consulte beaucoup. Non seulement sur les questions de politique monétaire, mais surtout sur les questions capitales de réglementation bancaire. Tout cela a atteint l’indépendance de la Fed.
Je ne suis pas certain qu’on aurait pu faire autrement. Mais le résultat est là. On pourrait d’ailleurs dire un peu la même chose de la BCE dans sa politique de rachat des obligations italiennes…
Replacé dans ce contexte très particulier, le propos de Rick Perry n’est pas celui d’un cow boy qui tire plus vite que son ombre. C’est celui d’un tenant d’une certaine orthodoxie monétaire. Au lieu de le déplorer, on devrait s’en féliciter.
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