Rick Perry, le gag du Texas
Par Jean-Sébastien Stehli le 21 août 2011 17h10
Le Texas a particulièrement gâté les Américains (mais pas seulement), ces dernières années. Elle a produit George W. Bush, l’un des pires présidents que l’Amérique ait connu, l’homme qui a lancé deux guerres inutiles et ruineuses sans arriver à attraper Ossama Bin Laden, et plongé le pays dans la pire crise économique depuis 1929.
Mais l’Amérique a peut-être mangé son pain blanc en premier. L’annonce par le gouverneur du Texas, Rick Perry, de sa candidature à l’investiture Républicaine, pourrait bien nous rendre nostalgiques de l’époque Bush fils. Comme la déclaré sur CNN l’ancien conseiller de Ronald Reagan pour les affaires intérieures (donc pas suspect d’être trotskyste) Bruce Bartlett: Rick Perry est un idiot. Je ne pense pas que quiconque soit en désaccord avec ça.”
Preuves.
La première semaine de campagne de Rick Perry a été tonitruante, a tel point qu’il a éclipsé Michele Bachman, leader du camp Républicain dans l’Iowa. Chacune de ses sorties a été l’occasion d’une bourde pas très présidentielle, mais par les temps qui courent où les imbéciles passent pour des messies (on pense au livre de John Kennedy Toole, La Conjuration des Imbéciles), l’idiotie est devenue une vertu. Ou, pour reprendre la phrase de l’Anglais Jonathan Swift, qui a inspiré Toole: “Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que tous les imbéciles sont ligués contre lui.” L’écrivain du 18è siècle ne pensait pas à Obama, mais sa phrase s’applique de manière prophétique à la situation actuelle.
Perry, qui fait une chose, mais dit le contraire (exige un gouvernement plus modeste, mais n’a de cesse de faire venir les contrats de l’Etat Fédéral qu’il dirige ensuite vers les plus gros contributeurs de sa campagne) mène la danse. Le pire, dans le comportement de Rick Perry, c’est son plaisir à exhiber son ignorance.
En résumé:
– Selon le gouverneur du Texas, le réchauffement climatique est un “canular” inventé par des scientifiques à la recherche de fonds. Ce qui lui a valu quatre “Pinocchios” que lui a attribué le très sérieux Washington Post. Evidemment, être dénoncé par le Post est un badge de vertu pour les imbéciles.
– Selon lui, le chairman de la Fed, Bern Bernanke, serait coupable de trahison pour sa conduite de l’économie. L’antisémitisme est juste en dessous de la surface de ses propos.
– Barack Obama ne serait pas respecté, selon lui, par les militaires. Comprendre: “ils ne font pas confiance à un noir”. Défense de rire.
– Il a expliqué à un jeune garçon qui l’interrogeait, que la théorie de l’évolution des espèces n’était qu’une théorie à égalité avec le créationisme (Dieu a créé la terre en six jours, etc.).
Alors que Michele Bachman s’est tient à un discours économique, Rick Perry, sorte de démagogue sorti d’un mauvais film hollywoodien (“The Parallax View”) explore les coins les plus sombres du Tea Party histoire d’exciter les démons qui y sont tapis. Tout le clan Bush, quantité non négligeable dans l’establishment Républicain et texan, se tien à l’écart de Perry. Il s’est même mobilisé en bloc contre lui lors de sa dernière campagne pour un troisième terme à la tête du Texas.
Le plus déprimant, sans doute, est la réponse molle de Barack Obama à l’accusation de trahison contre Bernanke (Perry “doit être un peu plus prudent” dans ses propos…). 44th ne veut pas donner de légitimité à Perry en lui répondant. Mais avec à peine 40% des Américains satisfaits de lui, il est temps qu’il enlève les gants pour frapper plus fort. Sinon, il est bon pour le tapis.
Jonathan Swift was English, never set foot in America and died long before American independence.
My apologies for the error — I’m in the process of correcting it.