En l’espace de quelques jours, l’industrie de l’information vient de vivre trois événements qui marqueront son Histoire. Google a jeté son dévolu sur les brevets et les téléphones mobiles de Motorola ; HP a, au contraire, décidé de devenir une société de logiciels en rachetant Autonomy tout en abandonnant ses activités dans les PC et les tablettes ; enfin Steve Jobs, l’inventeur génial de l’informatique grand public, a décidé de quitter sa société, Apple, fondée voici 35 ans dans un garage, aujourd’hui gorgée d’argent et deuxième capitalisation mondiale derrière Exxon. On a du mal à croire que l’autocratique et malicieux Steve Jobs puisse s’être laissé imposer son calendrier par la maladie, aussi redoutable soit-elle. C’est bien sûr à lui, et non à son rival Bill Gates, qu’il revenait de marquer la fin de cette période et l’entrée dans l’ère « post-PC » et même « post-Web ». Désormais, ses concurrents – et ses proies – ne sont plus des fabricants, mais des développeurs de logiciels, d’« apps », des plates-formes de téléchargement, des moteurs de recherche, des compagnies de téléphones ou des fournisseurs d’accès. Bref, des fabricants de nuages, bien loin de la sympathique quincaillerie des débuts. Apple est désormais sur cette trajectoire et est là pour durer. Dans ce nouvel âge, la connaissance, donc les brevets, et la capacité d’innover vite, sont deux facteurs clés. Mais l’arme fatale est le contrôle de ses usagers. La tentation de ces géants numériques est donc d’enfermer leurs clients dans des « écosystèmes » dans lesquels ils contrôlent tout, de la distribution physique du matériel à la facturation, et ainsi de se partager le marché. Cette dérive dangereuse est régulièrement dénoncée, à juste titre, par les défenseurs du logiciel libre et de la neutralité du Net. Apple, qui a une tradition de secret et de fermeture, devrait les écouter. Après le départ de son fondateur, c’est sans doute cela la prochaine révolution que nous attendons d’Apple.
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