Such Useful Dictators

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La CIA a délocalisé en Libye les mauvais traitements infligés aux terroristes qu’elle a arrêtés un peu partout dans le monde. Comme quoi la dictature avait du bon pour les démocraties qui veulent répandre aujourd’hui leurs modèles dans le monde. Ces révélations sont apparues alors que l’on a pénétré dans les bureaux des services secrets libyens dont les agents n’ont pas eu le temps de déménager ou détruire leurs documents. Ainsi, on a appris que la CIA a remis des gens qu’elle avait elle même arrêtés aux services libyens tout en sachant ce qu’il allait advenir d’eux. Le plus pathétique est d’entendre aujourd’hui des militants des droits de l’Homme, comme Peter Bouckaert, membre de Human Rights Watch qui a fait cette découverte, s’étonner de tels agissements de la part des membres des services américains. Pourtant, on le sait depuis longtemps. Depuis février 2007, lorsqu’un rapport adopté par le Parlement européen de Strasbourg accusait les gouvernements européens de complicité avec la CIA dans des opérations de vols secrets. Ce rapport indiquait qu’entre 2001 et 2005, pas moins de 1245 escales ont été effectuées par les avions de la CIA dans des aéroports européens, avec à leur bord des suspects victimes de «disparitions forcées». Ils étaient acheminés en secret vers Guantánamo ou vers des prisons de pays sous traitants comme l’Egypte ou le Maroc. Là où tous ces quidams pouvaient être torturés sans que les geôliers des démocraties ne se salissent et sans entendre leurs cris de suppliciés. La Libye a été utilisée selon les mêmes principes. Au delà des aspects moraux liés à de telles conduites – on ne vaut pas mieux que le terroriste le plus sanguinaire si on ne fait pas mieux que lui – il y a aussi cette immense hypocrisie que l’on sert aux populations en permanence via les médias sur le qui-vive quant à ce soutien grandiloquent des démocraties du monde aux révoltes actuelles dans le monde arabe, notamment libyenne ou égyptienne. En fait, on saisit mieux l’étonnement des dictateurs évincés sous les applaudissements occidentaux. Ces dictateurs si utiles, si amicaux au point de ne jamais laisser leurs soutiens en Occident se salir les mains.

Tant de prévenance aujourd’hui oubliée, quelle ingratitude !

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