Palestine : Obama tente une solution de la dernière chance
L’Administration américaine redouble d’efforts pour éviter un revers diplomatique majeur à l’ONU.
À cinq jours de l’arrivée de Barack Obama à New York pour la session annuelle de l’ONU, que les Palestiniens veulent utiliser pour arracher une reconnaissance unilatérale de leur État à l’Assemblée générale ou au Conseil de sécurité, l’Administration américaine redouble d’efforts en coulisses pour prévenir un scénario qui constituerait un revers diplomatique majeur. Mercredi, ses émissaires Dennis Ross et David Hale étaient à nouveau au Proche-Orient pour rencontrer les dirigeants israéliens et tenter de leur soutirer des concessions susceptibles de convaincre les Palestiniens de revenir à la table de négociation et de renoncer à leur projet. Il était prévu qu’ils fassent un nouveau passage en ¬Cisjordanie ce jeudi. Mais n’est-il pas trop tard ?
«En diplomatie, il n’est jamais trop tard. La onzième heure est précisément le moment où, confrontées à l’imminence d’une décision dont le coût serait très lourd, les parties peuvent décider de se mettre d’accord», confie au Figaro Aaron Miller, spécialiste de la région au Woodrow Wilson Center, qui juge toutefois cette probabilité très faible. «Le fait que le Congrès américain menace de couper les 500 millions de dollars d’aide qu’il verse annuellement à l’Autorité palestinienne est un argument qui devrait les faire réfléchir, car cela va nuire terriblement à l’économie», dit-il. Mais vu la publicité que Mahmoud Abbas a donnée à son intention, il faudrait «arracher aux Israéliens quelque chose de vraiment significatif pour le faire changer d’avis», estime Miller. Quelque chose comme «un gel de la colonisation israélienne» et «un accord de principe sur la reconnaissance des frontières de 1967 avec échange mutuel de territoires».
Le président Obama a, depuis des mois, affirmé que la démarche palestinienne à l’ONU constituerait une «diversion» qui «ne résoudrait pas le problème». Au risque de s’isoler et de dilapider le capital de popularité qu’il a acquis en soutenant les printemps arabes, il a clairement indiqué que l’Amérique opposerait son veto à cette demande, si celle-ci est portée au Conseil de sécurité de l’ONU. Aaron Miller explique que toute autre politique est impossible. «Les Américains ont toujours refusé que l’ONU soit le lieu où se décide le statut permanent d’un État», note-t-il. Surtout quand il s’agit de l’avenir du partenaire stratégique israélien. Obama n’a nulle envie de s’aliéner les communautés ¬juives à l’approche de la présidentielle. L’avertissement envoyé mardi par les électeurs dans la neuvième circonscription de New York, où un républicain a été élu dans un fief démocrate avec 54 % des voix, a sans doute été reçu cinq sur cinq. «Il est clair que de larges pans de l’électorat juif new-yorkais ne sont pas contents de la politique d’Obama, qu’ils jugent anti-israélienne, même si ce n’est pas vrai», dit Aaron Miller.
Aucune bonne option
L’expert souligne que, pour avancer sur le dossier israélo-palestinien, comme ce fut le cas sous Carter ou Clinton, «il faut être prêt à batailler avec les Israéliens». «Obama a essayé, et le ferait encore s’il pensait que la bataille puisse produire un accord. Mais il est frustré par le dossier et ne veut pas risquer un échec qui permettrait à ses adversaires de l’accuser de faiblesse.»
Pris entre ces soucis intérieurs et les risques de se mettre à dos le monde arabe, l’Administration n’a donc pas de bonne option, à moins d’une surprise de dernière minute. Dans une tribune publiée mardi par le New York Times, le prince Turki al-Faysal avertit que, si l’Amérique appose son veto, elle «perdra» son allié saoudien, ce partenaire crucial de l’Amérique au Moyen-Orient. La Turquie, autre alliée de plus en plus récalcitrant, a également fait monter la pression en affirmant que reconnaître la demande palestinienne n’était «pas un choix mais une obligation». Mercredi, la représentante républicaine Kay Granger comparait la perspective de la déclaration palestinienne à un «train en train de dérailler qui déboule».
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