Obama plombé par la crise
Le Point.fr – Publié le 17/09/2011 à 13:29 – Modifié le 17/09/2011 à 15:09
Sondages en berne, élections partielles perdues… Selon le “Washington Post”, le président des États-Unis doit appuyer sur le bouton “alarme” s’il veut être réélu en 2012.
C’est un incident, sans doute mineur, passé presque inaperçu, sauf des télévisions américaines qui retransmettaient la cérémonie : le 11 septembre, lors de la commémoration à Ground Zero, le président Obama monte à la tribune pour lire un psaume. Silence recueilli. L’ancien président George W. Bush, qui était en fonction au moment des attentats, prend à son tour la parole pour lire une lettre d’Abraham Lincoln aux mères des soldats morts pendant une des batailles de la guerre de Sécession.
Salve d’applaudissements pour cet homme que l’on croyait détesté, dont on avait salué le départ comme la fin d’une épreuve, et dont le successeur a été élu d’autant plus triomphalement que les Américains étaient impatients de tourner la page sur deux mandats catastrophiques pour leur pays. Alors ces applaudissements ? Succès d’estime, façon Chirac, que recueille souvent un ancien chef d’État dont on sait qu’il a tourné le dos à la politique ? Ou manifestation symétrique au rejet dont Bush a souffert quand il a quitté la Maison-Blanche, une manière de signifier à Barack Obama qu’il n’a plus la cote, au moins auprès de certains Américains ?
Défaite symptomatique
Car à quatorze mois de l’élection présidentielle et alors qu’Obama, contrairement à son homologue français, est entré très tôt dans la campagne électorale, son image ne cesse de se détériorer dans l’opinion. Comme en témoigne l’élection pour un siège de représentant qui a eu lieu cette semaine à New York dans un fief tenu par les démocrates depuis 80 ans et dont la perte a été considérée par tous les experts de Washington comme un référendum anti-Obama.
La victoire du républicain David Turner sur le démocrate David Weprin, dans un quartier à la fois populaire et juif, n’aurait jamais dû se produire dans cette circonscription qui avait voté à 55 % pour Obama en 2007. Mais elle est d’autant moins le fait d’un mauvais concours de circonstances que le même jour, le républicain Mark Amodei, candidat lui aussi à un poste de représentant, a été élu dans le Nevada. “Est-ce pour Obama le moment d’appuyer sur le bouton alarme ?” se demandait mercredi le Washington Post.
Endettement abyssal
Comme beaucoup de dirigeants occidentaux, Obama est plombé par la crise. Le niveau d’endettement abyssal, la croissance sans ressort, le chômage à des taux européens, contribuent à déconsidérer celui à qui beaucoup, même dans son camp, reprochent son indécision. La situation de l’économie fait d’autant plus mal à l’Amérique qu’elle n’a pas les amortisseurs sociaux de l’Europe. Pour les 9 % de sans-emploi, le chômage est une descente aux enfers qui les fait passer d’un charmant pavillon de banlieue à la soupe populaire. Et l’équation est d’autant plus impossible à résoudre que les plus farouches adversaires du président, les républicains tendance Tea Party, s’enflamment à l’idée de toute amélioration des systèmes sociaux et veulent même remettre en cause ceux qui existent.
Lors du dernier débat télévisé qui a opposé les candidats républicains, le modérateur de CNN leur a demandé ce qu’il fallait faire pour un jeune homme qui avait résilié son assurance santé pour cause de chômage et venait d’être victime d’un accident de la route. “Le laisser se débrouiller”, a répondu la salle. Même s’il a été moins radical, le favori actuel des sondages côté républicain, le gouverneur du Texas Rick Perry, continue à qualifier le système de santé – embryon de sécurité sociale – mis en place par Obama de “gigantesque mensonge à l’égard des générations futures, quelque chose qui ressemble au système de Ponzi” (l’escroquerie qui avait permis à Madoff de s’enrichir en ruinant tous ses créanciers).
Étonnez-vous après cela qu’il existe de sérieuses divergences entre les États-Unis et l’Europe pour résoudre les problèmes multiples posés par la crise.
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