Points of Reference: Crime, Punishment and Politics

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Il est beaucoup question de la peine de mort ces jours-ci. Samedi, des manifestations ont été organisées dans le monde entier dans l’espoir de sauver la vie d’un condamné à mort en Géorgie, dans le sud des États-Unis. Troy Davis, un homme noir qui a aujourd’hui 42 ans, a toujours clamé son innocence dans le meurtre d’un policier en 1989 et plusieurs des témoins oculaires qui l’avaient accusé sont revenus sur leur témoignage. Il a épuisé presque tous les recours possibles, mais, au moment de mettre sous presse, on a appris que ses avocats ont adressé une ultime demande à la Cour suprême des États-Unis afin qu’elle suspende son exécution.

Un autre Américain de race noire résidant depuis plusieurs années dans le couloir de la mort risque d’être exécuté prochainement, et son cas devrait lui aussi faire jaser. Duane Edward Buck, 48 ans, a été reconnu coupable d’avoir abattu son ancienne amie de coeur et l’amant de cette dernière au Texas en 1997. Il devait être exécuté jeudi dernier, mais à la dernière minute, la Cour suprême des États-Unis lui a accordé un sursis, le temps d’examiner la validité du jugement sur la sentence.

Contrairement au cas de Troy Davis, la culpabilité de Duane Buck n’est pas vraiment remise en cause. Le problème, c’est le fait qu’un psychologue pénal avait prétendu, lors des représentations sur sentence, que les hommes noirs sont plus enclins à la violence que les autres, donc plus susceptibles de récidiver à leur éventuelle sortie de prison.

Le Texas mène dans la course des États qui exécutent le plus de prisonniers depuis le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976 et son gouverneur actuel, Rick Perry, est le champion en cette matière, ayant ravi la palme à son prédécesseur, George W. Bush. Si les bourreaux lui injectent le poison mortel, Duane Buck sera le 235e condamné à mort à être exécuté depuis que Rick Perry est gouverneur.

Comme M. Bush, républicain comme lui, Rick Perry aspire à devenir le président de la superpuissance mondiale. Il mène actuellement dans les sondages, devançant le «modéré» Mitt Romney et l’idole des Tea Partyiers, Michele Bachmann. Il y a un peu moins de deux semaines, lors d’un débat public entre candidats déclarés à l’investiture républicaine, M. Perry a eu droit à des applaudissements nourris pour sa performance en matière d’exécution de criminels.

Le Texas a tué 474 prisonniers depuis 1976, soit depuis que la peine de mort a été rétablie. Rick Perry a donc «présidé» à la moitié de ces châtiments.

Le nombre d’exécutions a tendance à diminuer aux États-Unis, mais pas au Texas. Heureusement, les jurys y prononcent de moins en moins de sentences de mort, ce qui devrait à terme réduire le nombre d’exécutions.

Outre sa forte population, plusieurs facteurs contribuent à faire du Texas le champion des mises à mort aux États-Unis. La procédure fait en sorte que les causes criminelles y sont jugées plus rapidement qu’ailleurs. Les juges des cours d’appel y sont élus, dans un pays où la peine de mort est favorisée par une bonne majorité de citoyens. Selon certains juristes, ces magistrats seraient de moins bonne qualité que leurs homologues des autres États, ce que tendrait à prouver le fait qu’ils refusent souvent de publier leurs décisions. D’autres critiques montrent le doigt la faiblesse des avocats désignés d’office pour défendre les accusés indigents.

Ces facteurs, de même que les statistiques éloquentes, ont fait dire à plusieurs auteurs que la justice du Texas perpétue la tradition des lynchages qui avaient cours aussi bien dans le Far West d’antan que dans le Vieux Sud d’avant le mouvement des droits civiques. Le «Lone Star State» se trouve aux confins de ces deux mondes.

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