Is the Anti-Wall Street Movement the Democrats' Tea Party?

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Le mouvement anti-Wall Street, le Tea Party des démocrates ?

Alors que le mouvement des indignés de Wall Street prend de l’ampleur, la presse américaine s’interroge de plus en plus sur les enjeux politiques de cette mobilisation spontanée. A quelques mois de l’élection présidentielle, la Maison Blanche a donné un signe fort envers les manifestants. Lors d’une conférence de presse, Barack Obama a estimé que ces manifestations – qu’il a “vues à la télévision” – “expriment le mécontentement que ressentent les Américains”. Une prise de parole qui prouve que le mouvement est sorti du “silence médiatique” dénoncé par le journaliste Keith Olbermann, connu pour ses positions pro-démocrates.

Mais si le camp Obama semble prendre progressivement la mesure de cette mobilisation, la place de ces militants provoque l’embarras chez les démocrates. Interrogé sur les similarités entre les anti-Wall Street et le mouvement du Tea Party, le président a préféré botter en touche. Mais son vice-président, Joe Biden, s’est montré moins réservé, affirmant que les deux mouvements “avaient beaucoup en commun”, souligne le Los Angeles Times. Unis par un même mouvement de rejet du système politique, certaine spontanéité populaire et une décentralisation, les deux mouvements pourraient jouer un rôle majeur dans l’élection à venir.

Depuis son émergence en 2009, le Tea Party s’est révélé être un allié de poids pour les républicains, contribuant notamment à la victoire des élections législatives de 2010. Mais désormais, le mouvement “tire la primaire républicaine vers la droite, ce qui pourrait constituer un handicap au moment de la campagne”, note ainsi le Los Angeles Times. Un mouvement de “bénédiction contrasté” qui pourrait bien se reproduire côté démocrate cette fois.

RÉCUPÉRATION “À DOUBLE TRANCHANT”

“Le camp des protestataires pourrait ainsi, de manière inattendue, contribuer à redessiner les enjeux d’une élection présidentielle, attendue jusque-là comme un affrontement entre des républicains rechargés à bloc et des démocrates qui font face à un passage à vide”, analyse le Los Angeles Times. Citant un spécialiste de la stratégie libérale, le quotidien affirme ainsi qu'”il n’est pas nécessaire d’être un génie pour voir que ce qui se passe dans le mouvement peut permettre de dynamiser et mobiliser la base électorale des démocrates.” Une récupération du mouvement, qui correspond selon les journalistes de Politico à la double casquette adoptée par le président Obama ces derniers temps, “à la fois docte et populiste”.

Mais de nombreux membres du Parti démocrate préfèrent garder le silence sur ce mouvement grandissant issu de la rue, “craignant d’être assimilé à une mobilisation dont les motifs et les objectifs restent peu clairs”, note le Wall Street Journal. Le parti pourrait en effet perdre “les électeurs modérés, ceux de la classe moyenne, ou les donateurs démocrates plus aisés”, en soutenant trop ouvertement les manifestants “plus radicaux”, affirme le quotidien. Comparant ainsi la politique du camp Obama à un “puzzle populiste”, le Wall Street Journal note que le Parti démocrate “cherche à absorber l’énergie du mouvement Occupons Wall Street sans se risquer à un débat sur la lutte des classes”.

“IRRESPONSABILITÉ” DES DÉMOCRATES

Les républicains de leur côté cherchent à exploiter le côté “radical” des manifestations pour rallier les modérés à leur cause. La chaîne Fox News, connue pour ses prises de position ancrées à droite, donne ainsi la parole à Peter King, élu républicain de la troisième circonscription new-yorkaise, qui souligne “l’indécence” des déclarations d’Obama. “On devrait plutôt dénoncer ces manifestants, ils sont dans l’illégalité et ne desservent aucune cause réelle. Et le fait que le président ou qui que ce soit d’autre leur accorde du crédit est une chose tout aussi irresponsable”, fulmine ainsi l’élu.

Plus nuancées, certaines voix républicaines cherchent également à attirer les anti-Wall Street dans leur camp. “Nous comprenons la frustrations des gens face aux mesures économiques prises par Obama, mais ce n’est pas en manifestant que nous parviendrons à créer des emplois”, explique ainsi un porte-parole du candidat à la primaire républicaine, Rick Perry, dans le Wall Street Journal.

QUEL AVENIR POUR LE MOUVEMENT ?

Si les médias américains ont mis du temps à s’intéresser à la mobilisation, ils s’interrogent désormais sur son avenir. “Les manifestations ont pris de l’ampleur en seulement deux semaines, et les déclarations du président peuvent constituer une preuve que ces rassemblements se transforment peu à peu en un mouvement politique”, souligne ainsi le Chicago Tribune.

Mais la poursuite du mouvement reste imprévisible, rappellent à l’unisson les journaux américains. Le mouvement anti-Wall Street reste encore une nébuleuse mouvante qui aura du mal à s’inscrire dans le paysage politique américain actuel. D’autant que la mobilisation n’est pas sans contradiction. Non sans ironie, The Christian Science Monitor note ainsi que les anti-Wall Street “fustigent les grands patrons, mais ont pleuré Steve Jobs”, le fondateur d’Apple décédé mercredi 6 octobre. Sur le réseau social Twitter – principal outil du mouvement – le compte officiel des manifestants a ainsi écrit “beaucoup de membres du mouvement respectait Steve Jobs, et il nous manquera”. Plus tard, une manifestante écrivait même, sous le mot-clé dédié à la mobilisation “RIP au génie créatif qui a contribué à rendre TOUS ces mouvements possibles”.

Charlotte Chabas

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