Apple: From Perfect Mac World to iPad Dystopia

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J’ai laissé passé le délai du deuil avant d’écrire ces quelques mots.

C’est vrai, dans les années 80, Steve Jobs et Apple ont lancé leurs ordinateurs comme Prométhée avait volé le feu aux dieux de l’Olympe pour l’offrir aux humains.

Il y a eu une préhistoire de la révolution numérique. Je suis assez vieux pour me souvenir des heures d’apprentissage des divers langages informatiques sur des machines hostiles avec des lettres luminescentes vertes sur fond noir. L’envie furieuse de sortir, monter sur sa moto et aller rouler sans but sur les quais.

Je me souviens du choc délicieux de mon premier Mac. Tard. 1988. Une machine sympa qui mettait à ma portée la dernière révolution de l’espèce humaine. Simple. Tellement simple.

Je n’ai jamais cessé d’avoir des Macs. Puis il y eu internet. L’expansion infinie de notre cerveau commun. Le rétrécissement soudain de la planète. La possibilité de s’organiser en réseau. L’accès direct au savoir, immédiat, pour tous. La fin des maitres penseurs, du pouvoir totalitaire des experts. La possibilité de faire circuler des données, des informations, des images à la vitesse de l’éclair.

Apple était devant. Parce que facile. Apple servait le peuple (et accessoirement son compte en banque, ce qui n’était que justice).

Puis il y eu l’ipad.

Un objet par lequel Apple va trahir l’essence d’internet, sa liberté d’échange inter-individuelle, son caractère profondémment libertaire. Apple venait d’inventer le tuyau monopolistique. Une machine conçue pour que la transmission de données passe désormais par son magasin Itunes. Une transmission qui rapportait du fric à chaque fois. Apple venait d’inventer un cauchemar numérique. Un outil dont elle contrôlait le flux. Une machine à cash. Grâce à son service marketing (le mot commercial pour manipulation idéologique), Apple avait réussi à nous vendre l’objet (joli, bien sûr). Sans nous dire qu’il n’était qu’une coquille technologique pour rentabiliser son logiciel.

Apple qui s’était construit sur la résistance à Big Brother venait de créer un objet de total contrôle.

Ses bénéfices, pour la première fois, passaient devant les besoins du public.

Quelques mois plus tard, Steve Jobs mourrait d’une maladie au foie.

Prométhée aussi avait été livré enchaîné aux vautours.

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