Do As I Say, Not As I Do

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Furieux! Fou furieux étaient les Américains, mercredi, suite au double veto russo-chinois, qui stoppa une résolution contre la Syrie. Dans le contexte, la question n’est plus de savoir si le veto était fondé ou si le régime syrien méritait d’être sanctionné. C’est surtout l’usage abusif que font les Américains du veto qui est, paradoxalement, mis en exergue. Les Américains étaient frustrés par la tournure des événements et n’ont pas manqué de le faire savoir. Que dire des Palestiniens qui, lors des six dernières décennies, ont essuyé une cinquantaine de vetos américains lesquels ont, soit tué leur espoir de voir l’Etat de Palestine réhabilité, soit permis l’impunité à Israël pour ses crimes perpétrés contre le peuple palestinien. Face au double veto russo-chinois, les Américains ont dû ressentir ce que ressentent les Palestiniens auxquels on a fait avaler des couleuvres depuis que Britanniques et Américains ont décidé de donner un «foyer» aux juifs au détriment d’un autre peuple. Ce que British et Yankee ont réalisé, Israël le poursuit avec constance: accaparer la totalité de la Palestine. Les Etats-Unis le savent qui ont mis sur pied la comédie de négociations sans fin qui ne servent que les desseins d’Israël. Personne, à moins d’être fou ou retors, ne peut comprendre qu’on contraigne un peuple à négocier dans le temps où l’occupant se livre à la confiscation de ses territoires. C’est pourtant ce qu’exigent les Américains qui ne font rien pour condamner ou faire stopper la colonisation israélienne. En revanche, ils menacent d’user de leur veto pour faire barrage à la demande d’admission de la Palestine à l’ONU. Nous revenons ainsi au concept «faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais» On est puissant ou on ne l’est pas! N’est-ce pas? Dès lors, que représente la Charte de l’ONU quand un pays qui dispose de tous les pouvoirs décide seul du devenir des peuples et des Etats? En 1947, par les pressions, les menaces et le chantage, les Etats-Unis ont forcé les pays réticents à voter le partage de la Palestine. En 2011, par les mêmes procédés, Washington veut dissuader les pays non permanents au Conseil de sécurité de voter l’admission de la Palestine. Un harcèlement que rien n’explique, qui ne s’explique pas et ne peut s’expliquer. Ainsi, fustigeant Moscou et Pékin, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, n’y est pas allée de main morte: «Les Etats-Unis sont furieux du fait que ce Conseil ait complètement échoué» (…) de traiter «un défi moral urgent et une menace croissante à la paix régionale». Et Mme Rice de s’exclamer: «Que je sois claire: les Etats-Unis pensent qu’il est grand temps que ce Conseil assume ses responsabilités et impose des mesures ciblées dures et un embargo sur les armes contre le régime.» (du président syrien Bachar Al Assad). Encore de grands mots! La responsabilité du Conseil de sécurité. Parlons-en: voilà donc un Conseil qui subit depuis des années le diktat américain, réduit au rôle d’exécutant qui s’est vu imposer la lecture unilatérale que fait la Maison-Blanche du droit international et interprète à sa convenance la Charte de l’ONU, sommé «d’assumer» ses responsabilités. Ce sont pourtant les USA qui ont ridiculisé le Conseil de sécurité en se passant de son accord pour envahir l’Irak en 2003. Relevons cette obstination américaine: depuis 1947 les USA ont fait usage à 51 reprises du veto en faveur d’Israël, menacent d’en faire de nouveau usage contre la Palestine. Comment peuvent-ils prétendre protéger le peuple arabe de Syrie, ou soutenir les révoltes arabes, lorsque ils livrent à la vindicte de la barbarie d’Israël le peuple arabe de Palestine? Comment prétendent-ils être justes, lorsqu’ils usent et abusent du droit que leur confère leur qualité de membre permanent du Conseil de sécurité? En économie, on appelle cela un abus de position dominante et est sanctionné par la loi. Qui sanctionnera les USA qui ont fait de l’ONU leur jouet?

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