Elizabeth Warren, the Woman Awakening the American Left

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La gauche américaine s’est-elle trouvée une nouvelle égérie en la personne d’Elizabeth Warren ? Une vidéo d’une « réunion Tupperware » de cette candidate au Sénat a fait le tour de la blogosphère. Dans cette vidéo – tournée semble-t-il avec un téléphone portable –, Elizabeth Warren répond aux attaques des républicains contre un projet de loi de l’administration visant à augmenter les impôts pour les revenus supérieurs à un million de dollars par an.

Que dit-elle ?

« J’entends ici et là : “C’est une guerre des classes.” Non ! Personne dans ce pays n’a fait fortune seul. Personne ! Vous avez construit une usine ? Tant mieux pour vous. Mais soyons clairs : les routes sur lesquelles vous transportez vos marchandises, nous les avons tous payées. Nous avons tous payé pour l’éducation de vos employés. Votre usine est en sécurité grâce à une police que nous avons tous payée. […]

Alors voilà, vous avez construit une usine et ça a très bien marché, parfait. Gardez une grosse part de vos gains. Mais une partie du contrat social veut qu’une autre part aille aux prochaines générations. »

L’argument est somme toute assez simple, alors pourquoi un tel succès ? C’est sans doute que ces quelques mots de Warren suffisent à réinsuffler du bon sens dans le débat politique américain. Rappelons qu’en juin dernier, les élus démocrates ont spectaculairement cédé au chantage des républicains qui menaçaient de provoquer un défaut de paiement de la dette si les baisses d’impôts aux plus riches n’étaient pas maintenues.

Warren, ennemie jurée du milieu financier

Une pétition a même circulé sur la Toile pour simplement dire « Merci » à Warren de défendre les valeurs progressistes.

Il faut dire que « Liz » Warren ne sort pas de nulle part. Cette professeure de droit des contrats à Harvard, issue d’une famille très modeste, est devenue la cible numéro un du milieu financier.

Au moment de l’éclatement de la crise des subprimes, elle a dirigé la commission parlementaire chargée de surveiller la bonne utilisation des deniers publics dans le programme de sauvetage des banques. Elle s’est alors fait connaître pour ses échanges musclés avec Tim Geithner, Secrétaire au Trésor de l’administration Obama. Lors d’une session de la commission, elle lui demande simplement :

« Le groupe d’assurance AIG a reçu environ 70 milliards de dollars du gouvernement […]. Savez-vous où est passé l’argent ? »

Dès 2007, Warren mettait en garde contre les produits financiers dangereux, à la source de la crise :

« Il est impossible d’acheter un grille-pain qui a une chance sur cinq d’exploser et de mettre le feu à votre maison. En revanche, il est possible de reprendre un emprunt hypothécaire qui a une chance sur cinq de mettre toute une famille à la rue, et ce contrat ne signalera même pas ce fait à l’emprunteur. »

Le Sénat, une mise au placard ?

Depuis, elle mène une bataille acharnée pour la mise en place d’une agence de protection des emprunteurs – projet que les républicains et les lobbies financiers ont inlassablement tenté de torpiller. L’administration Obama, à la recherche d’un compromis avec les républicains, a préféré ne pas la choisir à la tête de l’agence.

Notons au passage que le bureau, qui a fini par ouvrir ses portes en juillet 2011, n’a toujours pas de directeur aujourd’hui, les élus républicains refusant d’approuver quiconque tant que l’agence n’aura pas réduit drastiquement ses prérogatives.

A défaut, les ténors du parti démocrate ont proposé à Elizabeth Warren l’investiture pour un siège au Sénat dans l’Etat du Massachusetts en novembre 2012.

Une proposition que certains commentateurs voient comme une manière de faire partir sans bruit celle qui avait déclaré dans une interview, au moment de l’affrontement avec les républicains sur la création de l’agence :

« Mon premier choix est la création d’une agence forte, mon deuxième choix est pas d’agence du tout, mais beaucoup de sang et de dents sur le plancher. »

Elle s’est lancée dans cette campagne et semble bien s’en sortir. Mais nombreux sont déçus de voir ce symbole de la lutte contre Wall Street se « résigner » à un siège de sénateur, alors qu’une campagne pour la présidence aurait donné beaucoup plus de visibilité à ses idées. Mais peut-être pense-t-elle au prochain coup : la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.

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