«Yes We Cain!» Il n’y a pas d’erreur dans la manchette publiée en une du numéro courant de l’hebdomadaire Newsweek. Le titre fait à la fois référence au fameux slogan électoral de Barack Obama et à Herman Cain, l’homme de l’heure parmi les candidats à l’investiture républicaine pour la présidence.
Malgré son inexpérience politique, l’homme d’affaires noir de 65 ans se retrouve aujourd’hui en tête chez les républicains dans certains sondages ou à égalité avec l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney dans d’autres. Un baromètre publié lundi par la maison Rasmussen le donnait même gagnant par deux points sur le président démocrate.
Qui est ce Herman Cain? D’où vient-il? Que veut-il? Voici 10 choses à savoir sur ce prétendant républicain.
1. Des débuts modestes
Né à Memphis, Herman Cain a grandi à Atlanta, où sa mère faisait des ménages et son père cumulait trois emplois – barbier, concierge et chauffeur du PDG de Coca-Cola, qui lui a permis de sortir sa famille de la pauvreté en le payant en actions de son entreprise. Il a connu les lois ségrégationnistes du Sud mais n’a pas participé au mouvement des droits civiques. Il a décroché un bac en mathématiques dans un collège noir et une maîtrise en informatique à l’Université Purdue (tout en travaillant à temps plein à la section balistique de la marine américaine).
2. La bosse des affaires
Archétype du self-made man américain, Herman Cain a gravi un à un les échelons dans l’entreprise privée, d’abord chez Coca-Cola, puis chez Pillsbury. Dans les années 80, Pillsbury lui a confié la gestion de 400 restaurants Burger King peu performants, qui sont devenus sous sa direction certains des plus rentables de la chaîne. Il a plus tard réalisé un exploit semblable à la tête d’une autre chaîne de restaurants appartenant à Pillsbury, Godfather’s Pizza, dont il a été PDG jusqu’en 1996.
3. Chouchou du Tea Party
Avant même de déclarer sa candidature à l’investiture républicaine, Herman Cain était un conférencier populaire auprès des groupes du Tea Party, dont il partage les idées les plus conservatrices. Doté d’un bon sens de l’humour et de la formule, il défend souvent les membres de ce mouvement contre toute accusation de racisme. «On vous traitera de racistes simplement parce que vous vous trouvez à être en désaccord avec un président qui se trouve à être Noir», a-t-il déclaré en février. «Vous n’êtes pas racistes! Vous êtes des patriotes parce que vous êtes prêts à défendre vos idées!»
4. Le plan 9-9-9
La principale proposition de Herman Cain est à la fois simple et controversée: abolir le code des impôts des États-Unis et le remplacer par un taux d’imposition unique de 9% sur les revenus, les entreprises et les ventes. Lors d’un débat à Las Vegas mardi soir, l’homme d’affaires a eu du mal à défendre ce fameux «plan 9-9-9» contre les attaques de ses rivaux. Selon des études indépendantes, un tel plan pourrait augmenter les impôts des familles de la classe moyenne et réduire ceux des contribuables les plus fortunés.
5. Une clôture électrifiée
La proposition est radicale. Pour combattre l’immigration illégale, Herman Cain a proposé samedi soir de construire le long de la frontière mexicano-américaine une clôture électrifiée pouvant électrocuter et tuer les clandestins qui tenteraient de la franchir. Après avoir déclaré qu’il s’agissait d’une blague, il a affirmé lundi ne pas avoir l’intention d’abandonner cette idée.
6. La politique étrangère? Bof…
Dire que la politique étrangère n’est pas le point fort de Herman Cain est un euphémisme. Il a avoué ne pas connaître le mouvement néoconservateur qui a influencé la politique étrangère des deux présidents Bush. Et il a affirmé ne pas avoir à se préoccuper de pays «insignifiants» comme l’Ouzbékistan, un pays avec lequel les États-Unis entretiennent des relations controversées, et qu’il a rebaptisé l’«Ouzbéki-béki-béki-stan-stan» lors d’une interview récente.
7. Afro-américain? Jamais!
Ne dites pas à Herman Cain qu’il est Afro-américain. Il rejette cette appellation qui fait référence à l’héritage africain des Noirs aux États-Unis. Il préfère s’identifier comme un «ABC» («American Black Conservative»).
8. Non à l’avortement
Herman Cain n’admet aucune exception: il est opposé à l’avortement en toutes circonstances. Selon lui, les grossesses consécutives à un viol ou un inceste ne sont pas assez nombreuses pour en tenir compte dans une loi interdisant les IVG.
9. Un talent caché
La vidéo connaît un vif succès sur l’internet depuis le début de la semaine et révèle un talent caché de Herman Cain, celui de chanteur. Réalisé en 1991, le clip viral montre l’homme d’affaires, revêtu d’une aube blanche, en train de reprendre d’une voix chaude et juste Imagine de John Lennon avec des paroles de son cru: «Imagine qu’il n’y ait pas de pizza» …
10. Est-il sérieux?
Il n’a pas d’équipe électorale à proprement dit et n’a pas mis en place dans des États comme l’Iowa et le New Hampshire une structure lui permettant de rivaliser avec les autres candidats sur le terrain. Certains le soupçonnent de se servir de la course à l’investiture républicaine pour vendre ses mémoires, This Is Herman Cain!, qui sont sortis il y a deux semaines. Il est peut-être même le premier à s’étonner de son succès.
The only thing this man might be qualified is, maybe, to write a Rap tune…. He certainly is not qualified to be President of the United States. He makes George W. Bush sound smart.