Barack Obama Addresses the G-20 from Position of Weakness

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L’affaiblissement économique de l’Amérique et les blocages au Congrès font que le président américain pourrait ne jouer à Cannes qu’un rôle secondaire.

Comme il paraît loin ce sommet duError! Hyperlink reference not valid., où un Barack Obama auréolé de son triomphe électoral faisait ses premiers pas dans l’arène mondiale, portant l’espoir d’un leadership américain rénové après les déboires de l’ère Bush. À l’époque, le monde ne lui tenait rigueur ni de la crise du subprime, ni de l’irresponsabilité de Wall Street, ni de la débâcle financière globale. Il était l’homme neuf, le «Jésus noir» qui allait réparer la Maison Amérique et ses errements capitalistes. Même si Français et Allemands se refusaient à l’époque à adopter sa méthode de «relance par la demande», le président américain était l’aimant vers lequel gravitaient tous les regards.

Mais ce jeudi, à Cannes, Error! Hyperlink reference not valid.ne sera nullement au centre des débats d’une enceinte tout occupée à contenir les dégâts deError! Hyperlink reference not valid. et les Error! Hyperlink reference not valid.. À en croire nombre d’analystes américains, il sera là presque en observateur d’une scène où les dirigeants européens en sont réduits à aller quémander 100 milliards de dollars du côté de la Chine, pour renforcer leur fonds de stabilisation et replâtrer un système monétaire menacé d’explosion.

«Grenade grecque»

Ce n’est pas que les États-Unis ne soient pas conscients de l’importance de la crise, au contraire. Ils comprennent pertinemment, comme l’a rappelé lundi le sous-secrétaire au Trésor, Lael Brainard, lors d’un briefing à la Maison-Blanche, que «les défis de l’Europe auront des implications substantielles pour l’économie américaine et globale». L’annonce ce mardi d’un référendum grec sur le plan de sauvetage négocié à Bruxelles a accru les inquiétudes, le Washington Post parlant «d’une grenade» tirée par une Grèce menacée «d’anarchie». Mais «avec une influence américaine qui s’étiole» et «une crise européenne qui s’approfondit», il n’y a «pas grand-chose» que puisse faire Obama, constatait mercredi le journal Politico. «Nous sommes partie prenante, mais nous ne sommes pas leaders», confirme Healey Conley, du Center for Strategic and International Studies (CSIS).

L’affaiblissement économique de l’Amérique et les blocages sur lesquels bute le président américain au Congrès pour faire aboutir son nouveau plan emploi ou la négociation sur la dette expliquent largement cette mise en touche relative. Le plan de relance de 2009 n’a pas eu l’effet de levier espéré. Le taux de chômage culmine toujours à 9,1 %, suscitant des doutes sur la capacité du président à se faire réélire dans un an, même s’il reste en tête des sondages avec 47 % d’opinions favorables.

Du coup, les Européens estiment, non sans raison, que l’Amérique n’est pas spécialement bien placée pour donner des leçons. Quand le président Obama, déjà épinglé pour son manque d’intérêt pour l’Europe, parcourt l’Amérique en parlant des «vents contraires européens» pour expliquer la faiblesse de la reprise américaine, il agace.

«Les critiques des États-Unis sur une Europe “source de tous les maux” sont stupéfiantes, vu leur paralysie», s’insurge Markus Wiener, un journaliste allemand. Sans nier la polémique transatlantique, une source française tempère ce jugement, estimant qu’Européens et Américains ont «passé l’étape tactique du passage de mistigri concernant la responsabilité de la crise parce qu’ils sont d’accord sur les enjeux stratégiques qui consistent à relancer la croissance et à impliquer les pays émergents». Mais la paralysie intérieure d’Obama suscite le doute. Après avoir beaucoup attendu de la nouvelle Administration, les Européens semblent de plus en plus tentés de le voir comme le président séduisant mais impuissant d’une Amérique en déclin.

Divergences transatlantiques

Bien sûr, la Maison-Blanche se défend d’aborder Error! Hyperlink reference not valid.en position de faiblesse. Barack Obama «part en France fort du fait que nous pressons le Congrès d’agir. Il y va en tant que dirigeant de l’économie la plus importante du monde», a rappelé son porte-parole, Jay Carney. Le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes, a rappelé lundi que le numéro un américain s’était «étroitement coordonné» avec la chancelière Merkel et le président français Sarkozy alors que ces derniers cherchaient un dispositif pour juguler la contagion grecque. Depuis, Obama a salué l’accord trouvé, appelant dans le Financial Times à l’appliquer efficacement et à s’attaquer aux problèmes «structurels» du système européen qui a une monnaie unique, mais maintient dix-sept politiques budgétaires et fiscales nationales différentes. Cependant des divergences transatlantiques demeurent, notamment à propos de la taxe sur les transactions financières que souhaite Sarkozy, mais que les milieux financiers américains contestent.

Les Américains semblent aussi pressés d’en savoir plus sur la participation prévue de la Chine au fonds de stabilisation financière de l’UE, susceptible de créer une dangereuse dépendance européenne vis-à-vis du géant communiste asiatique. Leur but à Cannes serait de mettre la pression sur Pékin pour exiger une réévaluation du yuan, susceptible de booster la demande intérieure chinoise et de rééquilibrer le commerce mondial. Sur le principe, les Européens sont d’accord. Mais ils auront peut-être du mal à appuyer la démarche américaine aussi vigoureusement qu’ils l’auraient souhaité vu leur besoin urgent de milliards chinois.

Mercredi, dans le journal Politico, l’ancien économiste en chef du FMI Simon Johnson résumait la situation de manière brutale mais sans doute pertinente. «Les Américains n’ont pas d’argent à mettre sur la table» européenne, disait-il. «S’ils avaient un petit peu d’argent à donner, cela pourrait changer la dynamique.»

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