La fin tragique de Kadhafi va profiter à la campagne électorale de Barack Obama
La mort de Kadhafi est sans aucun doute une bonne nouvelle pour les pays occidentaux englués depuis longtemps dans la crise économique. Quand les photos du corps ensanglanté de Kadhafi se sont répandues dans le monde entier, les pays de l’OTAN impliqués dans l’opération militaire en Lybie ont été envahis par un sentiment de fierté longtemps attendu. Ainsi du British Daily Post, qui a écrit que sans le soutien aérien de l’OTAN, les troupes de Kadhafi auraient certainement écrasé la rébellion lybienne.
Ou encore du Ministre français des Affaires Etrangères Alain Juppé, qui a déclaré le 21 octobre que la France avait grandement contribué au succès de l’intervention de l’OTAN. La France avait en effet pris les devants en proposant des raids aériens contre les forces de Kadhafi et elle avait été le premier pays à reconnapitre le Conseil National de Transition comme seul représentant légitime du peuple lybien.
Enfin, le Président américain Barack Obama a prononcé un discours à la Maison Blanche, affirmant que la mort de Kadhafi marquait la fin de son règne tyrannique.
L’intervention très médiatique de Barack Obama sur la mort de Kadhafi a fortement contrasté avec sa discrétion sur les opérations militaires en Lybie. Les pays occidentaux se sont habitués au fait que les Etats-Unis prennent toujours un rôle moteur dans les affaires majeures. Mais cette fois-ci, les Etats-Unis ont cédé le commandement des opérations en Lybie à l’OTAN le 31 mars, ce qui a permis à la France et au Royaume-Uni de prendre les commandes.
Mais à présent que la guerre est finie, les Etats-Unis reviennent à nouveau sur le devant de la scène. le 18 octobre, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a fait une visite impromptue à Tripoli, apportant avec elle une aide de 40 millions de Dollars US. Quelques heures plus tard, le monde découvrait les photos sanglantes de Kadhafi.
A présent, après près de sept mois de frappes aériennes de l’OTAN en Lybie, Barack Obama peut déclarer aux électeurs américains que son administration a remporté une grande victoire à moindre coût. C’est ce qu’on appele l’« Obamaïsme ». Les Etats-Unis n’avaient pas besoin de s’embourber dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, pour lesquelles ils ont payé un prix si élevé. Cette fois, après avoir lancé une opération militaire, les Etats-Unis se sont retirés de la ligne de front. Ce genre de méthode permet aussi aux Etats-Unis de clamer les électeurs, de courtiser leurs alliés, et de gagner un soutien international.
Mais, à la maison, ni les faucons qui avaient proposé l’envoi de forces terrestres en Lybie, ni les colombes qui avaient appelé au retrait des troupes américaines des forces de la coalition en Lybie, n’avaient initialement approuvé le retrait de la scène de Barack Obama.
Pour autant, pour le Président Obama, c’est sans aucun doute un succès. Les opérations militaires en Lybie n’ont coûté que 2 milliards de Dollars US et pas un seul soldat américain n’a été tué, ni même blessé.
L’Obamaïsme s’applique aussi à la lutte contre le terrorisme. Le 2 mai dernier, les forces spéciales américaines ont tué le cerveau d’Al-Qaida Oussama Ben Laden au Pakistan. Et le 30 septembre, un responsable d’Al-Qaida, Anwar al-Awlaki, et un certain nombre de ses hommes ont été tués dans une attaque menée par un drone sans pilote au Yemen. Les deux opérations ont été menées par la voie aérienne.
Le 21 octobre, le Président Obama a annoncé que les Etats-Unis retireraient toutes leurs troupes d’Irak d’ici la fin de l’année. Et le 22 juin, il avait annoncé que les Etats-Unis retireraient 10 000 hommes d’Afghanistan d’ici la fin de cette année et 33 000 hommes d’ici la fin de l’été prochain.
L’année prochaine est une année électorale aux Etats-Unis. Barack Obama espère que l’Obamaïsme va lui rapporter plus de points pour sa campagne électorale. La mort de Kadhafi peut l’aider à renforcer la confiance des électeurs à moindre prix, et renforcer son image, celle où « il peut rendre l’Amérique plus sûre ». Sur ce point, Barack Obama a vraiment réussi. Mais il fait toujours face à des défis en ce qui concerne la reprise économique et la croissance de l’emploi.
L’auteur, Zhao Haijian, est journaliste au Guangzhou Daily.
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