“C’est la doctrine Bush selon laquelle il faut intervenir dans les pays privés de démocratie.”
Corentin de Salle est juriste et philosophe. Il s’exprime à titre personnel
Serait-il légitime de juger l’ancien président George Bush ?
Si on juge George Bush, il faut aussi juger tous les membres du Congrès qui ont voté les budgets militaires. Il faut aussi juger tous les Américains qui ont redonné à Bush un second mandat alors qu’il avait commencé la guerre. Cette question est assez symptomatique d’une conception qui s’est développée dans un continent comme le nôtre, où l’on vit sous un parapluie sécuritaire américain. Et où on pense qu’on vit dans un monde tout à fait pacifié. Ici, on pense que tout conflit a toujours une solution judiciaire. Ce qui n’a pas changé, c’est que le monde est tragique et que tout ne peut se régler de manière juridiquement encadrée.
Ce qu’on lui reproche, c’est avant tout l’utilisation de la torture.
Plusieurs choses. D’abord, je condamne radicalement la torture, d’où quelle vienne et par qui elle est menée. Deux : je pense qu’Human Rights Watch fait tout à fait son boulot. Trois, d’un point de vue moral, je condamne la torture sur l’angle juridique mais je ne sais pas si on peut vraiment juger les faits contestés de Guantanamo. Il y a un débat sur ce qui constitue ou non la torture. Quatre, une démocratie comme l’Amérique est à même de punir des faits comme ceux-là s’ils existent. Cela a été le cas à Abou Ghraib, où il a eu des sanctions très dures. S’il y a des faits de ce genre, la justice américaine les punira tôt ou tard. Dernière chose, il faut aussi éviter l’inversion morale des valeurs. Même s’il y a des faits probablement avérés, il faut se dire aussi que de l’autre côté, il y a des centaines de Guantanamo dans les dictatures du Moyen Orient. Il faut se méfier des démonstrations tout à fait sélectives. Quand on condamne les tortures commises aux Etats-Unis, l’honnêteté intellectuelle commande qu’on le fasse aussi dans le camp d’en face, où c’est cent fois pire.
La fin justifie-t-elle moyens ? Le président américain était-il en état de légitime défense après le 11 septembre ?
Je n’aime pas cette expression de fin et de moyens, parce ce qui doit toujours prévaloir, c’est la défense des principes. Il y a donc un certain nombre de limites infranchissables. Quant à la question de savoir si c’était nécessaire d’entrer en guerre, je pense que ça l’était. Je ne la vois pas simplement sous l’angle de la légitime défense. Les Américains se sentaient injustement attaqués. Ils ont riposté parce qu’ils avaient peur des conséquences. Mais ce n’est pas cela le meilleur argument pour la guerre en question. Ce qui légitime, c’est la conception qui a guidé ces guerres. Une conception qui date de la naissance même des Etats-Unis, et qui est “qu’il faut propager la démocratie”. George Bush disait “qu’il faut planter les graines de la démocratie et les laisser croître au cœur du Moyen Orient”. Cela a suscité bien des sarcasmes, mais Bush est vraiment novateur. C’est quelqu’un qui est critiquable, têtu, mais l’histoire lui rendra justice parce que son administration et les néoconservateurs ont été les architectes de l’après-Guerre froide. C’est la doctrine Bush selon laquelle il faut intervenir dans les pays privés de démocratie. Les Européens l’ont suivie tout récemment avec les printemps arabes, et ils ont même été en première ligne pour renverser la dictature en Libye.
America (the United States) is no longer anything close to a “Democracy”!! Fascist, Yes! Quickly becoming a ‘police stat’, Thanks to Bush and the ‘bought and paid for congress’!
It’s not all his fault but he took ‘trashing the constitution’ to new heights!