Quand les Républicains virent extrémistes
Laurent Pinsolle – Blogueur associé | Lundi 21 Novembre 2011
Aux Etats-Unis, les primaires républicaines battent leur plein. Ne voulant pas vraiment de Mitt Romney, trop modéré pour eux, les électeurs républicains cherchent à se trouver une alternative bien à droite. Après Michèle Bachmann, Rick Perry et Herman Cain, Newt Gingrich vient jouer les troubles-fête.
Montagnes russes dans les sondages
S’il reste encore le favori, Mitt Romney n’est pas et ne sera sans doute jamais le candidat de cœur des Républicains. En effet, l’ancien gouverneur du Massachussetts n’est pas considéré comme suffisamment à droite pour la base républicaine. Dans son Etat, il a mis en place un plan d’assurance santé extrêmement proche de celui mis en place par Barack Obama. Et sur beaucoup de questions, il a changé de position pour plaire aux plus conservateurs, qui se méfient de lui.
Résultat, s’il conserve depuis le début de la campagne une position importante dans les sondages, les électeurs républicains semblent espérer qu’un candidat plus à droite parviendra à s’imposer. Michèle Bachmann a brièvement semblé pouvoir le faire, mais, dans la lignée de Sarah Palin, qui a renoncé à se présenter, l’autre égérie des Tea Party manque de crédibilité. Ses carences sont apparues dans les débats et lors de la campagne, faisant retomber le soufflé.
Rick Perry, le gouverneur du Texas, dans la foulée de son annonce de candidature cet été, a semblé pouvoir mener une campagne irrésistible en s’appuyant sur la réussite économique de son Etat et un conservatisme suffisamment marqué, mais plusieurs erreurs l’ont envoyé au tapis. Puis, Herman Cain, un entrepreneur noir au bagout certain a brièvement pris la tête de la course, avant d’être rattrapé par des affaires de harcèlement sexuel et des bourdes.
Un candidat modéré émerge d’une campagne qui ne l’est pas
De manière surprenante, c’est donc finalement Mitt Romney qui reste le favori, même si Newt Gingrich lui est passé (temporairement ?) devant. A défaut d’être aimé par les plus conservateurs, il n’a pas fait d’erreur et ne semble pas devoir en faire à juger par sa campagne de 2008. Et l’auto élimination progressive de tous ses rivaux semble lui laisser aujourd’hui un boulevard qui pourrait même lui permettre de ne pas trop virer à droite pour gagner les primaires.
Et pourtant, la campagne de cet automne paraît étonnante pour des européens. Alors que les Etats-Unis affichent toujours un déficit proche de 10% du PIB et que le pays est passé à deux doigts du défaut, les propositions des deux principaux concurrents de Mitt Romney ont de quoi étonner. Herman Cain propose en effet un plan 9-9-9 qui instaurerait un impôt unique (flat tax) de 9%, pour l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les revenus et une Taxe sur la valeur ajoutée fédérale.
Avec ce plan, les impôts des plus riches (taxés jusqu’à 35% par l’Etat fédéral, plus les impôts locaux) et des entreprises seraient radicalement réduits et remplacés par une TVA qui frapperait tout le monde. On se demande dans quel monde vivent les Républicains pour proposer un plan aussi injuste et régressif ! Pire, pour l’instant, parmi les candidats républicains, seul Mitt Romney n’a pas cédé aux promesses d’une flat tax, également soutenue par Perry et Bachmann.
La campagne des primaires républicaines démontre à quel point les Tea Party ont influencé pour le pire le parti de l’éléphant. Mais il s’agit sans doute d’une excellente nouvelle pour Barack Obama qui pourra alors se mettre du côté des 99%, même s’il a beaucoup déçu.
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