Pakistan: The Crisis with the United States Worsens

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Posted on November 28, 2011.

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Pakistan : la crise avec les Etats-Unis s’aggrave

La mort de 24 militaires pakistanais, ce week-end, ravive les tensions entre les deux «alliés».

C’était déjà le «pétrin», et cela «s’aggrave» résume, le plus clairement peut-être, l’ancien officier de la CIA Bruce Riedel – aujourd’hui analyste à la Brookings Institution -, après la très grave «bavure» de ce week-end à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Des hélicoptères et avions de chasse de l’Otan ont ouvert le feu sur deux bases de l’armée pakistanaise, tuant 24 soldats et officiers.

Islamabad a fait savoir ce dimanche à Washington qu’il ressentait un «profond sentiment de fureur» (voir la vidéo) et a aussitôt décrété des mesures immédiates de rétorsion. Le gouvernement a fermé les deux principaux points de passage qui permettent de ravitailler les forces de l’Otan en Afghanistan, et a donné quinze jours aux Etats-Unis pour évacuer la base aérienne de Shamsi, au Baloutchistan. Elle avait servi par le passé à mener des attaques de drones.

Talibans. L’Otan et les Etats-Unis ont exprimé leurs «condoléances» aux forces armées pakistanaises et promis une enquête sur les circonstances de cette bavure, la plus grave depuis le début de la guerre en Afghanistan, en 2001. «Il est clair que quelque chose a très mal tourné», a reconnu un haut responsable américain, cité par le New York Times. Côté américain, on rappelle pourtant que les forces de l’Otan déployées dans l’est de l’Afghanistan sont fréquemment l’objet de tirs provenant de positions proches de postes militaires pakistanais. Ils pourraient ainsi avoir provoqué les frappes de ce week-end, laisse-t-on entendre à Washington.

Cette tuerie survient à un moment où la relation entre le Pakistan et les Etats-Unis est en train de «s’écrouler», rappelle Bruce Riedel, chargé au début de la présidence Obama d’un état des lieux de la politique américaine dans la région. En Afghanistan, Pakistanais et Américains sont même pratiquement en guerre indirecte, les forces pakistanaises continuant de soutenir les talibans afghans. Obama, qui avait bien reconnu à son arrivée à la Maison Blanche qu’Islamabad était l’une des clés de toute solution en Afghanistan, et qui avait promis une visite au Pakistan cette année, n’a toujours pas mis cette promesse à son agenda.

Le problème est aussi que le raid de mai qui a permis de tuer le chef d’Al-Qaeda, Oussama ben Laden, au cœur d’une ville de garnison pakistanaise, a avivé les ressentiments dans les deux pays : au Pakistan, on s’indigne que les Américains violent, de façon répétée, la «souveraineté nationale». A Washington, on soupçonne les militaires pakistanais d’avoir protégé pendant des années l’ennemi public numéro 1 des Etats-Unis.

Si envenimée soit-elle, la relation avec le Pakistan est pourtant «sans alternative» pour les Etats-Unis, souligne l’analyste Vali Nasr, autre expert à la Brookings qui a aussi conseillé le gouvernement : «A partir du moment où l’administration Obama a décidé de retirer ses troupes d’Afghanistan d’ici à 2014, elle n’a pas d’autre choix que d’essayer de stabiliser ses relations avec le Pakistan.»

«Patience». L’attention et l’aide accrue apportées à Islamabad aux débuts du mandat de Barack Obama ont d’ailleurs porté leurs fruits, rappelle Vali Nasr. «Le problème est qu’à partir de 2009, les Etats-Unis ont commencé à trouver que le verre était à moitié vide, explique cet analyste. L’administration américaine manque de patience. Mais les pressions exercées sur le Pakistan ne font qu’aggraver les tensions. A partir du moment où on décide de quitter l’Afghanistan, on ne peut pas se permettre une escalade de tension sur le terrain.»

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