Washington and Its Debt, No Better Than Europe

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Si la prestation des dirigeants européens dans la crise de l’euro a été – et continue d’être – affligeante, on en dira tout autant de celle du Congrès des Etats-Unis, confronté à un problème identique : une monstrueuse dette souveraine. Les élus américains aussi font preuve d’irresponsabilité et d’incapacité à décider.

La semaine qui s’achève était celle au cours de laquelle un “super-comité” du Congrès – six démocrates, six républicains – devait impérativement proposer une série de mesures pour réduire le déficit budgétaire (près de 9 % du produit intérieur brut) d’une somme cumulée de 1 200 milliards de dollars sur dix ans.

Le “super-comité” bipartite était composé à parts égales de sénateurs et de membres de la Chambre des représentants. Il disposait de pouvoirs étendus et de facilités de travail exceptionnelles. Il pouvait s’appuyer sur tous les services du gouvernement américain.

Il devait rendre sa copie le 21 novembre. Ses recommandations auraient débouché sur autant d’engagements budgétaires fermes, liant la Maison Blanche et le Congrès.

Le comité a échoué, lamentablement. Il a annoncé être dans l’incapacité de trouver un accord.

Pire : il a échoué pour des raisons strictement idéologiques. A quelques mois du scrutin présidentiel de novembre 2012, autant dire en pleine campagne électorale, les républicains ont fait preuve d’un dogmatisme en béton armé sur la question de la fiscalité.

Ils veulent bien procéder à des coupes budgétaires dans tous les programmes, mais ils ne veulent pas de la moindre augmentation des impôts. Avec une détermination à côté de laquelle les ayatollahs de Téhéran sont des gens de compromis, les républicains s’opposent à ce que les plus riches d’entre les riches Américains versent un cent de plus au Trésor ; contre toute logique, ils refusent même la suppression de la moindre niche fiscale.

De leur côté, les élus démocrates, s’ils ont été plus courageux, ont peu évolué sur les réformes structurelles qui devraient assurer le financement futur des retraites et de la santé.

En cas d’échec du “super-comité”, la loi prévoit que des coupes automatiques dans les dépenses publiques, d’un montant équivalent, 1 200 milliards de dollars, auront lieu le dans le budget de l’Etat d’ici à 2021. Elle stipule que le budget de la défense en sera la principale victime, à hauteur de 600 milliards de dollars. Mais aucune coupe n’entrera en vigueur avant 2013. Autant dire que rien ne se fera avant le scrutin de 2012.

L’épisode confirme la paralysie du système politique américain et la faiblesse d’un Barack Obama incapable de s’imposer au Congrès. L’épisode confirme également qu’il n’y a pas de morale en politique. L’inaptitude des dix-sept membres de l’union monétaire européenne à faire face à leurs crises de dette souveraine menace l’euro d’implosion. Ce qui, plus que jamais, transforme le dollar en valeur refuge et permet à l’Amérique de financer à bon prix ses montagnes de dettes.

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