Cacophonie franco-américaine sur l’Iran
Au terme d’une longue journée de suspense, les Américains ont finalement présenté lundi soir leurs « sanctions additionnelles » contre l’Iran, en réaction au récent rapport de l’AIEA qui soupçonne Téhéran de poursuivre ses efforts pour se doter de l’arme nucléaire. Hillary Clinton avait invité Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, pour exposer les nouvelles restrictions imposées à Téhéran : interdiction d’investir dans le secteur pétrochimique iranien, menaces de sanctions pour les banques qui font encore des transactions avec l’Iran… Ceci dit, les Etats-Unis ne sont pas allés jusqu’à interdire formellement toute transaction avec la banque centrale iranienne, comme ils l’avaient envisagé. A l’occasion, Clinton et Geithner ont aussi délivré une bien curieuse leçon de démocratie : les journalistes, qui attendaient ce « briefing » depuis des heures, n’ont pas eu le droit de poser la moindre question. Sitôt finis leurs petits discours, les deux ministres ont tourné le dos aux reporters pour ne surtout pas répondre à une seule question.
Heureusement, nous avons Nicolas Sarkozy, qui de France a réussi ce lundi à faire entendre sa dissonance. Quelques heures avant l’annonce des mesures américaines, l’Elysée a annoncé avoir expédié une lettre aux dirigeants américains, européens, allemands, canadiens, japonais et britanniques réclamant des sanctions nettement plus fermes encore contre l’Iran. Sarkozy y propose de « geler dès à présent les avoirs de la banque centrale d’Iran » et d’ »interrompre les achats de pétrole iranien ». Deux mesures que les Etats-Unis avaient envisagé ces derniers jours et finalement repoussé, de peur de faire bondir le prix du pétrole. « Ce n’est pas contradictoire avec ce que font les Américains, assure-t-on côté français. Ce qu’ils font va dans la bonne direction, mais ce n’est pas suffisant. Ce que nous disons c’est ce que le rapport de l’AIEA change la donne, on entre dans une nouvelle phase, il faut changer de braquet ».
La position française a le mérite de la logique : si la perspective de la bombe iranienne est si terrifiante, pourquoi continuer à acheter le pétrole iranien ? Obama est aussi accusé par ses challengers républicains d’être trop mou sur l’Iran. Il pourra apprécier le tact de Nicolas Sarkozy, lui signifiant le jour même de l’annonce de nouvelles sanctions, que celles-ci ne vont pas bien loin.
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