Difficulties of the Republican Party Candidacies

Edited by Gillian Palmer

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La liste des difficultés de la candidature républicaine aux États-Unis

Ils sont encore huit dans la course. Moins d’un mois avant les premiers votes – dans l’Iowa et le New Hampshire -, impossible de distinguer un favori parmi les prétendants républicains.

“C’est la première fois depuis l’après-guerre qu’il n’y a pas un candidat qui se dégage”, analyse Vincent Michelot. Ce spécialiste des États-Unis, professeur à Sciences Po, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la vie politique outre-Atlantique, dont Le président des États-Unis, un pouvoir impérial (Gallimard, 2008). Professeur à Sciences Po Lyon, il délivre avec passion la liste des six raisons de ce long suspense, comme une plongée au coeur de la politique américaine.

1- Le mouvement conservateur en pleine redéfinition

“Nixon, Reagan et Bush fils avaient, en leur temps, donné une définition au conservatisme. Aujourd’hui, ce mouvement, perclus de contradictions, est éparpillé principalement sur trois lignes de fractures importantes.

En premier lieu, sur la question des moeurs, on distingue les “sociaux”, ceux qui tiennent à la défense et à l’intégrité de la famille, et les libertariens.

Concernant la politique étrangère, deux camps s’affrontent : d’une part, ceux qui se disent favorables à une projection de la puissance américaine ; d’autre part, ceux qui prônent davantage un repli sur soi, l’isolationnisme avec l’usage de la force uniquement en cas de menace directe.

Enfin, en matière économique, on distingue ceux qui acceptent une hausse d’impôts et les autres, favorables à une réduction des taxes pour creuser encore plus la dette et, ainsi, affamer la bête.”

2- Les électeurs sont beaucoup plus à droite que lors des élections générales

“C’est un constat récurrent, à chaque primaire républicaine. Le candidat se doit de fédérer la droite dure pour l’emporter, avant d’élargir sa campagne aux électeurs plus modérés. Mais cette année, avec l’émergence du mouvement des Tea Parties, le phénomène est accentué.

Le paradoxe, c’est que ce mouvement, par essence populiste, refuse absolument d’être incarné. Ils ne veulent pas de politiciens, malgré certains candidats qui se sont autoproclamés leur porte-voix, comme Michele Bachmann ou encore Sarah Palin, sans grand succès.”

3- L’envie d’un renouvellement

“Mitt Romney reste celui qui, malgré les atermoiements des sondages, semble le mieux placé pour l’emporter (crédité de 20,8 % dans les sondages, il est précédé par Newt Gingrich à 33,3 %). Pourtant, outre qu’il est mormon (ce qui ne réjouit pas les fondamentalistes), il fait partie de l’establishment.

Or le corps électoral républicain aspire, comme l’ensemble des Américains, à un renouvellement de la classe politique, à l’envie de voir émerger de nouvelles têtes. Ceci est visible avec le taux de satisfaction au Congrès, majoritairement républicain : seuls 9 % des Américains en ont une bonne image, un des taux historiquement les plus bas.”

4- L’establishment du Parti républicain n’a pas tranché

“Paradoxalement, si l’establishment pâtit de son image, il garde un poids primordial dans la campagne. Les grands élus pèsent dès le début de la campagne. En soutenant ouvertement un candidat, il donne le cap. Généralement, son soutien se porte sur la figure consensuelle qui se dégage parmi les candidats.

Or, aujourd’hui, aucun d’eux ne se démarque, ce qui explique que personne n’ait reçu et ne puisse recevoir à l’heure actuelle ce soutien, notamment à cause des handicaps et des casseroles de chacun.”

5- Huit candidats et de nombreuses casseroles

“Un temps leader dans les sondages, Herman Cain a souffert de ce qu’on appelle aux États-Unis la Bimbo Eruption. Une série de femmes ont, en effet, accusé le seul candidat noir de harcèlement sexuel, ce qui l’a poussé à abandonner .

Quant au favori actuel, Newt Gingrich, plus vieux candidat (68 ans) de ces primaires, il y a un décalage complet entre ce qu’il dit et sa vie privée. Lui, qui prône un retour aux valeurs familiales et au conservatisme moral, en est à son troisième mariage. Et, à chaque fois, il débutait une nouvelle relation… alors que la précédente n’était pas terminée.”

6- L’importance de la politique étrangère

“Les bourdes de Michèle Bachmann (elle a expliqué vouloir fermer l’ambassade de Téhéran qui… l’est depuis 1979 et de Newt Gingrich (il a qualifié les Palestiniens de peuple “inventé”) et les hésitations de Rick Perry, un temps favori de ces primaires, qui hésite sur les questions de politique étrangère, ont contribué à affaiblir certains candidats.

Il ne faut pas oublier que, dans ce domaine, les électeurs ont toujours des scrupules à voter pour ceux qui sont incertains sur la question, car ils savent qu’ils n’éliront pas seulement le prochain président, mais aussi le chef des armées.

Pour l’instant, seuls deux des candidats, Mitt Romney et Jon Huntsman, sont compétents en la matière. Mais nous sommes au tout début du processus des primaires : plus on avance, plus les candidats s’entourent de conseillers et affinent leur discours.

Une élection ne se joue sur la politique étrangère qu’en temps de guerre. Mais les bourdes restent tout de même à proscrire pour devenir le candidat idéal.”

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