Nuclear: The American Veto

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Washington et Téhéran haussent le ton. Le bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis prend des proportions dangereuses qui peuvent ne plus concerner uniquement ces deux pays. Forts de leur position de seule grande puissance mondiale, les Etats-Unis usent de tous les moyens pour amener l’Iran à renoncer à son programme nucléaire. Tout est en fait là: Washington interdit aux pays n’ayant pas reçu son «blanc-seing», le droit d’acquisition du savoir-faire dans un domaine stratégique: l’atome. Dès lors, la question dépasse le seul Iran pour devenir un problème de droit des nations d’avoir leur propre politique scientifique et technologique. Ainsi, Israël a le droit de faire des recherches dans le nucléaire, de ne pas adhérer au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), de posséder des ogives atomiques sans les déclarer, comme de ne pas être inspecté et contrôlé par l’Aiea (Agence internationale de l’énergie atomique). Pas l’Iran! C’était le cas de l’Irak hier, accusé (à tort) de posséder des armes de destruction massive (ADM). Il est apparu après l’invasion et la destruction de l’Irak, qu’il n’en était rien et que ce pays ne disposait pas de ce dont on l’accusait. Mais l’objectif, qui sous-tendait cette accusation, a été réalisé. Neutraliser l’Irak.

En 1981, Israël (déjà) avait détruit la centrale nucléaire Tammuz, près de Baghdad, à l’approbation générale de l’Occident. Aujourd’hui c’est l’Ian qui est dans le collimateur des Etats-Unis et d’Israël lequel s’est placé au-dessus des lois internationales. Demain, ce sera, sans doute, l’Algérie, pour peu que ce pays ait la velléité de vouloir accéder au savoir-faire nucléaire par ses propres moyens et par ses propres recherches scientifiques. A-t-on oublié la campagne contre l’Algérie dans les années 1990 en pleine guerre du Golfe? D’ailleurs, nimporte quel pays arabe, dès lors qu’il décide de voler de ses propres ailes, deviendrait suspect à ceux qui détiennent le savoir. Il apparaît dès lors que l’atome et sa maîtrise seraient du domaine réservé et n’y ont accès que les pays dûment «autorisés» par Washington et Israël. On nous vend des centrales nucléaires, mais avec interdiction d’acquérir leur complément naturel: le savoir-faire nucléaire. Ainsi, l’Iran n’a pas le droit d’accéder au savoir-faire, au know-how, nucléaire. C’est important à souligner pour bien comprendre le débat. En vérité, ce n’est pas tant l’existence de centrales nucléaires en Iran qui dérange, mais bien le fait que ce pays puisse acquérir la maîtrise du processus de transformation de l’uranium. Cela change tout. D’ailleurs, il a été proposé à l’Iran de transférer son uranium à un pays «autorisé» (la Russie a été citée) pour enrichissement et à la France (???) pour la «transformation». Donc, ce n’est pas l’improbable bombe atomique iranienne qui inquiète, mais le fait que ce pays «non autorisé» (réitérons-le) puisse maîtriser en aval et en amont le processus de conversion de l’atome.

Aussi, l’Iran est-il ainsi soumis à des sanctions sévères depuis de nombreuses années pour l’amener à résipiscence. Mais comme Téhéran ne plie pas, on songe à passer à une autre étape plus dissuasive selon ses concepteurs: le blocus pétrolier en interdisant à ce pays d’exporter son pétrole, afin de l’asphyxier financièrement et économiquement. Face à cette nouvelle escalade des sanctions, l’Iran menace à son tour de fermer le détroit d’Ormuz par lequel transitent 40% du pétrole du Golfe. A la guerre, comme à la guerre. Cela ne semble pas cependant évident pour ceux-là qui ont décidé de dire ce que les autres doivent ou ne doivent pas faire. Washington agresse depuis des années l’Iran. C’est normal, «sensé». L’Iran cherche à se défendre par le seul moyen qui lui reste: Ormuz dont il détient les clés. Voilà «un comportement irrationnel» s’exclame Washington. L’énergie reste la clé de toutes les activités sur notre planète. Toute science est essentiellement un moyen vers un but. Ce moyen est la connaissance. C’est la connaissance que l’on veut interdire à ceux qui ne font pas partie du petit cercle «autorisé» qui détient le savoir-faire. Inacceptable!

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