The Clintons’ Comeback

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Le retour en force des Clinton

Alors qu’Obama est affaibli par la crise et que les républicains sont empêtrés dans leurs primaires, les Clinton sont les vedettes de Washington.

Chaque année, le choix par Time Magazine de l’homme de l’année est l’occasion de couronner la personnalité qui, dans la perception des Américains – qui n’est pas toujours la nôtre -, a marqué par son action et son charisme, ou parfois aussi la détestation qu’il inspire, la vie et l’actualité aux États-Unis. Time n’est pas parvenu, en 2011, à incarner ce choix et a élu un concept, par ailleurs fort respectable, celui du manifestant ou plutôt du contestataire, “the protester”. Une idée qui recouvre des réalités très dissemblables qui vont des “Indignés” de Wall Street en passant par les révolutionnaires du Printemps arabe et jusqu’aux protestataires anti-Poutine de ces derniers jours.

Est-ce en raison de ce choix un peu décevant, parce que tellement politiquement correct ? Un autre palmarès retient l’attention de la classe politique aux États-Unis. C’est celui du Washington Post, qui a établi une sorte d’échelle de Richter de ce qu’a été 2011 pour un certain nombre de personnalités ou de corps constitués. Le quotidien leur a attribué une qualification selon que 2011 fut pour eux la bonne, la meilleure ou la pire des années.

Le Congrès lanterne rouge

La note la plus exécrable est remportée par le Congrès. Le Washington Post note que les parlementaires américains avaient déjà mauvaise réputation. Leur incapacité à s’élever au-dessus de leurs querelles picrocholines, alors que la réputation de puissance économique des États-Unis était et est toujours en jeu, leur vaut une réprobation jamais atteinte : 75 % des Américains souhaitent que les membres actuels du Congrès ne briguent pas un nouveau mandat. Leurs tergiversations pour voter le budget ont fait perdre, disent les électeurs, la confiance que le monde avait depuis 60 ans dans la solidité de l’économie américaine, déjà bien affaiblie par la crise des subprimes.

Mauvaise année aussi pour Barack Obama. À la veille de sa deuxième candidature, et après avoir réussi à faire passer sa loi sur l’assurance santé, le président pouvait espérer que la conjoncture lui permettrait d’annoncer une reprise soutenue de la croissance et une décrue générale du chômage. À la fois pour des raisons internes et parce que la crise des dettes souveraines en Europe a paralysé la reprise, l’embellie américaine est bien timide et fragile. Même si les chiffres du chômage s’améliorent – moins de 9 % maintenant -, ce n’est pas suffisant pour compenser les drames sociaux et humains provoqués par la crise de 2008.

Gingrich, le revenant

Si l’année de l’élection présidentielle ne se présente pas pour Obama aussi bien qu’il aurait pu le souhaiter, il semble pouvoir bénéficier de l’incapacité dans laquelle se trouvent ses adversaires républicains de choisir leur favori pour la Maison-Blanche. Depuis le début de 2011, au fil de débats sans couleur ni saveur, ils ont successivement grillé cinq ou six candidats potentiels avant que Mitt Romney et Newt Gingrich ne se détachent à la veille du caucus de l’Iowa ou des primaires du New Hampshire, premier round officiel de la campagne. Quant à Gingrich, vieux cheval de retour des années Clinton, il a tellement de casseroles attachées à sa réputation (financements douteux, liaisons scandaleuses, amitiés suspectes) qu’il est miraculeux de le voir encore à ce stade dans la course. C’est la raison pour laquelle le Washington Post a considéré que 2011 avait été pour Gingrich une bonne année.

Mais le quotidien de la capitale américaine a donné la palme cette année à des lauréats inattendus. Du moins vu d’Europe. Le Washington Post considère en effet que ce sont les Clinton qui ont eu la meilleure des années. Pas seulement Hillary, dont le journal se plaît à reconnaître l’énergie incroyable qu’elle met au service de la diplomatie américaine : à son crédit, quelque 60 voyages à l’étranger et pas loin d’un million de kilomètres parcourus. Surtout, le Post concède son action positive pour voler au secours de la Libye, prendre position contre Moubarak, garder ses distances avec Poutine et rendre visite à Aung San Suu Kyi, dissidente birmane.

La mue de Chelsea

Et, derrière Hillary, il ne faut pas oublier Bill. L’ancien président, qui avait eu du mal à trouver sa place dans la campagne électorale d’Hillary en 2008, est devenu, semble-t-il, le sage du Parti démocrate, expert en stratégie électorale. Son livre Au travail est même devenu la bible de ceux qui combattent les folies du Tea Party.

Enfin, cerise agréable sur le gâteau, la fille des Clinton, Chelsea. On avait gardé le souvenir d’une gamine au physique un peu ingrat. Elle est en train de devenir une animatrice de télévision très appréciée de l’émission Rock Center sur NBC. On n’a pas fini d’entendre parler des Clinton. Sans doute pour le prochain rendez-vous : en 2016.

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