United States Primaries: From Easy to Chaos

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Primaires aux États-Unis – Du facile au chaos

Pour la première fois depuis 1976, un prétendant à l’investiture républicaine a remporté les primaires de l’Iowa et du New Hampshire. Il s’agit évidemment de Mitt Romney. La prochaine étape, elle se déroulera en Caroline du Sud, s’annonce d’autant plus turbulente pour le mormon Romney que Newt Gingrich, le maître de la provocation, l’attend avec une brique et un fanal.

La victoire de Romney dans le New Hampshire fut aussi aisée que convaincante. Elle s’explique, en partie du moins, par un fait sociologique et un fait se conjuguant avec proximité. Cet État qui nous est géographiquement si proche est le deuxième État le moins religieux du pays. Donc passablement imperméable au discours de croisé de la chrétienté et des valeurs familiales martelé par Rick Santorum qui avait créé la surprise dans l’Iowa. Et d’une.

Et de deux, parce qu’il a été gouverneur du voisin Massachusetts les habitants du New Hampshire avaient une connaissance plus fine de Romney, de son bilan, de ses positions politiques. Là où les autres inquiétaient ou dérangeaient, si l’on peut dire, Romney rassurait par sa posture de républicain plus conventionnel ou classique que celles empruntées par Santorum, Gingrich ou par cet ovni politique qu’est Ron Paul. Ce dernier a ceci de très singulier qu’il est aussi libertarien qu’isolationniste.

Cela étant, le parcours de Romney sur les routes de la Caroline du Sud s’annonce plus chaotique. Et là encore pour un fait religieux. À l’inverse du New Hampshire, les résidants de cette région ne badinent pas avec les injonctions portant l’empreinte du divin et relayées par les baptistes, les évangélistes, épiscopaliens et autres, à la condition expresse que ce ne soit pas par un mormon. Par un mormon d’autant plus fervent qu’il fut chargé dans les années 60 et pendant 30 mois de convertir des Français. Soit dit en passant, cette opération se solda par un échec d’autant plus cuisant que le mormon prohibe l’alcool. Interdire la consommation de vin alors qu’on est basé à Bordeaux, la capitale du Saint-Émilion, Médoc… Après la religion, passons à l’autre handicap de Romney: il est riche, très riche. En fait, dans l’histoire moderne des États-Unis, Romney est le candidat ayant amassé la fortune la plus imposante.

Sur cet aspect, Gingrich s’apprête à l’attaquer aussi frontalement que brutalement. Comment? Un milliardaire ami de ce dernier a produit un film où l’on passe à tabac l’image pour l’instant lisse de l’ex-gouverneur du Massachusetts. Dans ce documentaire à charge long de 30 minutes, la bande à Gingrich s’attarde à détailler par le menu les gestes posés par le mormon alors qu’il était le patron d’un fonds d’investissement de Boston ayant dépecé un certain nombre d’entreprises. Bref, on le fait passer pour un «producteur» de chômeurs.

Ce spot n’a pas encore été diffusé que déjà d’autres concurrents ont emboîté le pas à Gingrich. Santorum et Rich Perry, l’ex-gouverneur du Texas, parlent de Romney comme d’un «vautour du capitalisme», quand ils ne le traitent pas «d’embaumeur d’emplois.» Et comment a réagi le sujet de cette offensive? Mal, très mal. Plutôt que d’exposer ce qu’il a accompli sur ce front, Romney cultive le vague. Plus il tardera à s’expliquer, plus ce sera bénéfice pour… Barack Obama! D’autant que cela fait plusieurs mois consécutifs que le taux de chômage baisse, baisse.

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