Est-ce vraiment une année pour Mitt Romney ? Alors que le pays a pris conscience de l’ampleur des inégalités entre les 99 % et les autres, le candidat républicain est à lui tout seul une illustration des privilèges fiscaux des grandes fortunes.
Les déclarations d’impôts 2010 et 2011 (une estimation) qu’il a été contraint de publier ce mardi montrent des revenus (d’investissement) de 45 millions de dollars (21,7 millions en 2010) pour les deux ans et un taux d’imposition de 14 % seulement (soit 6,2 millions).
L’ancien fondateur de Bain Capital a utilisé tous les artifices disponibles pour payer le moins possible: compte en Suisse (“récemment fermé”), aux Bermudes et aux Cayman (s’il est élu, ça fera des discussions intéressantes au G20 sur les paradis fiscaux..)
Le couple a donné 7 millions à des organisations caritatives dont 4,1 millions à l’Eglise mormone.
– “Les Américains ne veulent pas d’un candidat à la présidence qui paie plus d’impôts qu’il n’en doit”, a-t-il assuré dans le débat de lundi soir.
Quoi qu’il en dise, c’est beaucoup de revenus pour peu d’impôts (et en toute légalité).
Son adversaire, Newt Gingrich, a déclaré un revenu de 3,1 millions pour 2010, ce qui le place dans une tranche d’imposition de 31,7 %.
Barack Obama a déclaré 1,7 millions de dollars (provenant essentiellement de la vente de ses livres). Son taux d’imposition est de 26,3 %.
Les Américains ont beau avoir beaucoup de sympathie pour les riches, Mitt Romney dépasse les catégories habituelles. Il a beau se présenter en jean à tous les rassemblements et avoir un train de vie sans ostentation (défend David Brooks, du New York Times), le fait qu’il paie moins que la majorité des citoyens ne risque pas de tourner à son avantage, dans un parti fortement attiré par les populistes.
L’agence Bloomberg a fait des comparaisons: le revenu moyen étant de 33.048 dollars, Mitt Romney touche en moins d’une journée l’équivalent de ce que collectent certains de ses compatriotes en un an… Pour figurer dans les “1%”, il faut un revenu de 380.000 dollars, soit ce que touche le candidat en une semaine…
Effet secondaire: les chiffres relativisent les attaques contre les rivaux. A côté des investissements aux Bermudes, le 1,6 million touché par Newt Gingrich, “l’historien” de Freddie Mac, a l’air d’une babiole.
Obama, qui entend centrer son discours sur l’Etat de l’Union (et toute sa campagne) sur les inégalités et la part “équitable” dont chaque Américain doit s’acquitter, ne pouvait pas rêver meilleur auxiliaire…
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