Edited by Gillian Palmer
La France a un président qui fait du cheval en jean, en tenant les rênes d’une seule main dans une camargue qui n’a rien à envier aux grands espaces arizoniens.
La France a des politiciens qui font des lip dub et qui twittent.
La France a aussi un ex-ministre qui se souvient avec émotion du débarquement des GI sur les plages de Normandie, alors même qu’il n’était pas né en 1944. C’est dire l’engagement.
Et pourtant, et pourtant…
Et pourtant, la France reste un bon gros repoussoir pour les candidats aux primaires républicaines.
Ainsi, quand le joyeux Newt Gingrich veut descendre Mitt Romney, il produit un clip dans lequel il s’escrime à démontrer que l’ancien gouverneur du Massachusetts est en fait un « libéral » qui fait financer les avortements par les contribuables, un mou du genou côté défense qui dirait n’importe quoi pour gagner, mais surtout que ce n’importe quoi, il pourrait le dire en français. Car, oh trahison suprême, Mitt parle français. S’ensuit un fondu enchaîné sur Mitt jeune déclarant à la caméra et dans la langue de Molière : « Bonjour, je m’appelle Mitt Romney. »
Oui, Mitt parle français, la faute à sa tentative d’évangéliser l’Hexagone dans les années soixante, en bon jeune mormon dévoué à l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Est-ce parce que la France n’a pas été sensible à sa bonne parole qu’aujourd’hui il la lâche, lui aussi ? Ingrat Romney qui, en 2007, planifiait d’asseoir son marketing politique sur, entre autres, des autocollants portant la mention : « First, not France. »
Gingrich a néanmoins bon dos de dénigrer la seconde langue de Romney, car lui aussi a appris le français. Pire, le candidat qui aime à se comparer au général de Gaulle a vécu en France deux ans, entre 1956 et 1958, au premier étage d’un château de la Loire non loin d’Orléans, patrie de la gelée de coing. Et c’est toujours en cette douce France que serait née la vocation politique de Gingrich, à Verdun plus précisément, où il aurait décidé de devenir politicien pour empêcher de nouveaux carnages. Ensuite, Gingrich s’est prononcé pour la suppression de l’agence de protection de l’environnement, pour l’exploitation des ressources minières de la Lune, pour le travail des enfants pauvres afin de leur inculquer la valeur dudit travail.
Pour Rick Santorum, l’homme aux sept enfants, le gai luron opposé à l’avortement même en cas de viol, la France ne devrait se résumer qu’à une date : 732, Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers. Et encore, Poitiers, c’est un peu haut sur la carte. Car la France d’aujourd’hui, pour ce candidat pétri de valeurs chrétiennes, c’est un pays où « le cinquième nom le plus populaire est Mohammad », et dans la bouche de Rick, ce n’est pas un compliment.
Mais pourquoi la France est-elle un tel épouvantail pour les républicains ?
La réponse, la vraie, n’est à chercher ni dans sa population musulmane ni dans son opposition à la guerre de 2003 contre l’Irak, son système de santé universel, ses intellectuels hirsutes à la chemise béante, sa tendance au libertinage ou son camembert au lait cru. La francophobie électorale des républicains n’est pas non plus liée à la tendance des Français à prendre les Rednecks pour des ploucs.
Non, c’est parce que les Français ont dévoyé McDonald’s que les républicains exècrent l’Hexagone. McDo qui, via son McCafé fait sur mesure pour la France, est presque devenu un salon où l’on cause en sirotant un petit noir bien serré dans lequel vient faire trempette un macaron. McDo qui, en France, commence à servir à table !
Un crime aussi grave que faire chanter, pour l’ouverture du Super Bowl, un coq gaulois sur un tas de fumier en lieu et place d’une Janet Jackson le mamelon à l’air.
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